In philofanfan  's collection
Christophe Blain, David B., 1999 - Hiram Lowatt & Placido : Les Ogres - Ne ralentis pas l'allure ! - - Comic Strip
11228 

1999 - Hiram Lowatt & Placido : Les Ogres - Ne ralentis pas l'allure ! -

Comic Strip
1999
Ink
Case-case : 40.5 x 31 cm - Verre musée
Share
Encadrement
Case 1
Case 2
Case 3
Case 4
Case 5
Case 6
Case 7

Description

Planche réalisée en 1999
Planche 5 extraite de " Les Ogres " Tome 2 de la série Hiram Lowatt & Placido

Inscriptions

Signée par Christophe Blain

Comment


Entrée en matière
:


Trois années après " La révolte d'Hop-Frog ", David B. et Christophe Blain récidivent.

Contrairement à la fable hallucinée de 1997, plus de couleurs directes et cette suite (si tant est que nous puissions l'appeler ainsi) passe sous pavillon " Poisson Pilote ", nouveau label Dargaud créé en 2000 (" Les Ogres " sort la même année) et qui se veut une vitrine de la nouvelle génération des créateurs français de bande dessinée.

Entendons par " suite ", la reprise des deux personnages principaux, le conférencier Hiram Lowatt et son ami indien, Placido, chef des Tonkawas. Pour le cadre de l'histoire, nous quittons le Far West mythique vers un grand Nord aux frontières de la terre connue (Alaska 1881). Nous sommes finalement à la croisée des chemins : aux confins du monde humain, aux prémices de la nature prodigieusement sauvage et à la lisière du surnaturel.

Dès leur arrivée, nos deux héros sont pris en charge par le juge Dunbar, un dandy à la constitution de géant, qui a déclaré la guerre au Glouton, un indien à la tête d’une tribu d’anthropophages : " les Cœurs de Bêtes ". D'indiens cannibales il n'est finalement pas question, ces derniers se contentant d'emprunter l'apparence de loups ; la lycanthropie alimentaire concerne en définitive ces monstrueux colons perdus d'Alaska. L’anthropophagie " n’est pas une question de goût mais de puissance " dira le juge Dunbar à ses deux convives. Les sauvages ne sont finalement pas ceux que l'on croit.

Le récit est rouge et noir (Stendhal et Jeanne Mas apprécieront) mais ici il ne s'agit non pas du rouge de l'uniforme et du noir de la soutane mais bien du sang qui coule à flots abondants et de l'intense noir d'impénétrables forêts.
Un monstrueux festin que cet album qui emprunte autant à " Dead Man " de Jim Jarmush qu'à " La Grande Bouffe " de Marco Ferreri.


La planche :


Résumer le talent de Christophe Blain à un seul mot est à l'évidence arbitraire, mais dire que le mouvement est la quintessence de ce talent si singulier est quelque chose que j'envisage plus facilement. C'est selon moi dans ce registre qu'il excelle tout particulièrement.
Et pourtant : « Beaucoup de dessinateurs se contentent de dessiner le mouvement. Moi, je cherche à dessiner le temps », expliquait Christophe Blain à Libération, en 2002. L'on peut évidemment estimer cela un tantinet prétentieux, sauf qu'à bien y lire, à aucun moment il ne prétend y parvenir : il " cherche à ".

Avec cette planche il a, je crois, réussi à " dessiner le temps " en dessinant le mouvement.

Si l'on décortique le mouvement chez Blain - c'est prégnant notamment aussi dans Quai d'Orsay avec les scènes du ministre Alexandre Taillard de Worms - les astuces, stratagèmes ou subterfuges qu'il utilise pour lui donner de l'ampleur, de l'envergure, lui permette de façon assez saisissante (subjuguante même) de le faire persister à l’œil.
La persistance rétinienne nous donne l'illusion du mouvement et ici, il s'étale devant nous si intensément qu'il en devient rémanent. Avec cette planche, j'ai vraiment l'impression d'être au cinéma, avec ses 24 images/seconde ! Entre deux vignettes peu de temps s'écoule sur cette Ogres (les ellipses sont ténues) et la rapidité de l'action dessinée induit mécaniquement une rapidité de temps. Le mouvement et le temps sont consubstantiels, le premier engendrant le second par le truchement de l'espace. Espace qui défile ici sous nos yeux au rythme infernal et dément imposé par le cocher.

En conclusion, si l'encrage est évidemment fabuleux, la substantifique moelle de cette planche est donc bien, à mon sens, le mouvement, et à travers lui, le temps.

PS : Merci à l'ancien propriétaire de cette planche pour ce transfert qui me ravit.

Publication

  • Les Ogres
  • Dargaud
  • 06/2000
  • Interior page

50 comments
To leave a comment on that piece, please log in

About Christophe Blain

Christophe Blain is a French comic book author. In 2002, he received the Angoulême International Comics Festival Prize for Best Album for Isaac the Pirate and again in 2013, together with Abel Lanzac, for the second volume of Quai d'Orsay.