Dans la collection de Tarkey
1970 - Blueberry : Chihuahua Pearl
Encre de Chine
38.6 x 49.6 cm (15.2 x 19.53 in.)
Description
Planche n°34 issue du cultissime album "Chihuahua Pearl"
Publication dans le n°582 de Pilote fin décembre 1970
Planche issue de la collection personnelle de Jean Michel Charlier ! 😇
Publication dans le n°582 de Pilote fin décembre 1970
Planche issue de la collection personnelle de Jean Michel Charlier ! 😇
Commentaire
Un encrage nocturne véritablement diabolique
Beaucoup à dire sur cette planche. Pour l'instant je savoure :-)
Merci à son précédent conservateur
Après quelques jours de digestion, je vous livre mes premières analyses sur cette planche qui me touche particulièrement:
Un festival de Diaz
Il y a d’abord cette première demie planche qui est un petit festival de mimiques, d’attitudes, un festival de Diaz !
Il s’agit d’une scène de tractation entre le geôlier, Diaz, et son prisonnier Blueberry. Un premier tour de force est de pouvoir illustrer une scène de négociation, et de la rendre intelligible et haletante, sans même avoir à lire les dialogues. Par le langage des mains, des postures et des visages, la négociation est palpable et sa dynamique tout autant. La demie-planche est composée d’une alternance stricte de gros plans sur Diaz et de plans, plus lointains, sur les deux protagonistes. Au fur et à mesure les gros plans de Diaz zooment jusqu’à se centrer sur son regard plissé qui illustre le climax de la réflexion et de la concentration du négociateur. C’est lui le personnage central de la scène, celui qui parle et qui est maitre du destin de son captif. Parallèlement, après chaque gros plan sur Diaz, un plan plus large, aux personnages plus lointains, montre les attitudes de chacun et illustre la dynamique de la négociation entre un Diaz, volubile aux mains expressives et un Blueberry immobile et à l’écoute. Pour marquer le tempo de la séquence, fonds sombres et fonds blancs alternent en cases 2,3, 4 et 5 créant ainsi une double alternance visuelle amenant au visage de Diaz en très gros plan cité plus haut. Cette mise en page au rythme soutenu (6 cases par demie-planche c’est un maximum rarement utilisé chez Giraud), puissamment contrastée et amenant, crescendo, au visage central de Diaz est un bijou d’écriture graphique, une magnifique partition « mezzo forte » d’un Giraud au sommet de son art pour interpréter le scénario du prolifique Charlier.
Un Dénouement magistral
La seconde demie-planche est celle du dénouement, au sens propre comme au figuré.
Un premier strip pour conclure l’accord entre les deux protagonistes et un second pour amorcer la suite de l’aventure. Le strip du dénouement est certainement culte et, personnellement, me fascine. Je reste pantois devant les deux premières cases et fou de joie devant la troisième.
Les deux premières cases me fascinent car, j’ai beau les regarder de très près, je ne perçois pas par quelle infime modification du visage, Gir fait passer Diaz de la neutralité à l’allégresse. On voit bien sa moustache rebiquer, sa pomette saillir et l’on devine ses yeux s’écarquiller, mais le regard du mexicain est si enfoncé que, même écarquillés, ses yeux ne laissent pas percevoir intégralement leur pupille. Les différences sont donc techniquement très subtiles mais pourtant le résultat est là, le contraste immense et la compréhension de la scène parfaitement facilitée : le geôlier est euphorique, le deal est conclu.
La case du dénouement est fantastique, centrale, magnifiée, dépouillée de tout décor elle oppose une dernière fois les deux protagonistes aux regards fixés sur les liens qui se libèrent, une conclusion graphique sans équivoque qui, là encore, se passerait presque de tout dialogue ou commentaire... du grand art !
En ce début des années 70, le style GIR est à son apogée, avec une totale maitrise de ses pinceaux, une infinie précision, d’infimes nuances et un savoir-faire achevé, Giraud donne de l'épaisseur, de la vie à un face à face nocturne qui aurait pu n’être que verbeux. Le résultat est une planche assez rare, particulièrement dense, un combat intellectuel, calme et pour autant extrêmement intense... j'adore :-)
Beaucoup à dire sur cette planche. Pour l'instant je savoure :-)
Merci à son précédent conservateur
Après quelques jours de digestion, je vous livre mes premières analyses sur cette planche qui me touche particulièrement:
Un festival de Diaz
Il y a d’abord cette première demie planche qui est un petit festival de mimiques, d’attitudes, un festival de Diaz !
Il s’agit d’une scène de tractation entre le geôlier, Diaz, et son prisonnier Blueberry. Un premier tour de force est de pouvoir illustrer une scène de négociation, et de la rendre intelligible et haletante, sans même avoir à lire les dialogues. Par le langage des mains, des postures et des visages, la négociation est palpable et sa dynamique tout autant. La demie-planche est composée d’une alternance stricte de gros plans sur Diaz et de plans, plus lointains, sur les deux protagonistes. Au fur et à mesure les gros plans de Diaz zooment jusqu’à se centrer sur son regard plissé qui illustre le climax de la réflexion et de la concentration du négociateur. C’est lui le personnage central de la scène, celui qui parle et qui est maitre du destin de son captif. Parallèlement, après chaque gros plan sur Diaz, un plan plus large, aux personnages plus lointains, montre les attitudes de chacun et illustre la dynamique de la négociation entre un Diaz, volubile aux mains expressives et un Blueberry immobile et à l’écoute. Pour marquer le tempo de la séquence, fonds sombres et fonds blancs alternent en cases 2,3, 4 et 5 créant ainsi une double alternance visuelle amenant au visage de Diaz en très gros plan cité plus haut. Cette mise en page au rythme soutenu (6 cases par demie-planche c’est un maximum rarement utilisé chez Giraud), puissamment contrastée et amenant, crescendo, au visage central de Diaz est un bijou d’écriture graphique, une magnifique partition « mezzo forte » d’un Giraud au sommet de son art pour interpréter le scénario du prolifique Charlier.
Un Dénouement magistral
La seconde demie-planche est celle du dénouement, au sens propre comme au figuré.
Un premier strip pour conclure l’accord entre les deux protagonistes et un second pour amorcer la suite de l’aventure. Le strip du dénouement est certainement culte et, personnellement, me fascine. Je reste pantois devant les deux premières cases et fou de joie devant la troisième.
Les deux premières cases me fascinent car, j’ai beau les regarder de très près, je ne perçois pas par quelle infime modification du visage, Gir fait passer Diaz de la neutralité à l’allégresse. On voit bien sa moustache rebiquer, sa pomette saillir et l’on devine ses yeux s’écarquiller, mais le regard du mexicain est si enfoncé que, même écarquillés, ses yeux ne laissent pas percevoir intégralement leur pupille. Les différences sont donc techniquement très subtiles mais pourtant le résultat est là, le contraste immense et la compréhension de la scène parfaitement facilitée : le geôlier est euphorique, le deal est conclu.
La case du dénouement est fantastique, centrale, magnifiée, dépouillée de tout décor elle oppose une dernière fois les deux protagonistes aux regards fixés sur les liens qui se libèrent, une conclusion graphique sans équivoque qui, là encore, se passerait presque de tout dialogue ou commentaire... du grand art !
En ce début des années 70, le style GIR est à son apogée, avec une totale maitrise de ses pinceaux, une infinie précision, d’infimes nuances et un savoir-faire achevé, Giraud donne de l'épaisseur, de la vie à un face à face nocturne qui aurait pu n’être que verbeux. Le résultat est une planche assez rare, particulièrement dense, un combat intellectuel, calme et pour autant extrêmement intense... j'adore :-)
Publication
Voir aussi :
Blueberry
34 commentaires
Pour laisser un commentaire sur cette œuvre, veuillez vous connecter
A propos de Jean Giraud
Jean Giraud est un auteur français de bande dessinée, connu sous son propre nom et sous les pseudonymes de Mœbius et Gir. En tant que Jean Giraud et Gir, il est le créateur, avec le scénariste Jean-Michel Charlier, de la célèbre bande dessinée de western Blueberry. Sous le pseudonyme de Mœbius, il est l'auteur de bandes dessinées de science-fiction, telles que Le Garage hermétique, L'Incal ou Arzach, qui lui valent une reconnaissance internationale.