Commentaires postés par mmaillot

Paul Gillon a été longtemps un peu regardé de haut par les spécialistes du 9ème art. Pas assez "révolutionnaire", "moderne", "disruptif". Comme si, d'après eux, comme en musique d'ailleurs il fallait être jeune et absolument fournir un truc qui ne se serait jamais vu. Encore une de ces incessantes querelles à la gomme qui voudrait valoriser les uns en diminuant les autres. Aussi ridicule que de dire toujours, c'était mieux avant. Rien à voir avec l'époque, ni le style, mais tout à voir avec dans celui-ci le génie de s'y exprimer. Dans un genre il y a Franquin par exemple et dans celui-ci, réaliste, Gillon, un dessin et une maitrise sublime du graphisme, du noir et blanc, des personnages, de décors. Certes on sort rarement du cadre pour briser le carcan de la case. Et alors. Si ce qui s'y passe est pur merveille et enchantement. Il ne faut pas bouder son plaisir et laisser en arrière ces certitudes ou effets de mode. John Buscema à qui j'avais offert un album des Naufragés avait énormément apprécié et pensais qu'il était adulé de ce côté-ci de l'atlantique. Bon, je crois qu'après avoir été un peu ignoré à côté des Druillet, Forrest et autres Moebius qui sont eux aussi des géants dans leur genre, il est un peu rentré au bercail, maintenant que le temps a fait son œuvre. Perso, je l'ai toujours énormément apprécié. Son trait, sa science du contraste, de la lumière, ses fabuleux décors, un vrai maître. Que ce soit 13 rue de l'Espoir, Jérémie ou les Naufragés, il a livré des pages sublimes dont celle-ci et un parfait exemple. Magnifique !

Ambiance de fin du monde. Le rouge est mis. Demain les chiens, version post apocalyptique ou la peur et l'angoisse a pris le pas sur la tendre rêverie d'un Simak. Ici il faudra courir, mais guère de chance d'échapper à ses poursuivants si on ne se met pas rapidement à l'abri . Kelek sait encore nous faire passer le frisson qu'inspire l’œuvre par son graphisme recherché. Par l'utilisation parcimonieuse de la couleur, ce rouge qui annonce le tragique. Des traces au sol, en passant par les langues pendantes pour finir sur ces iris qui fixent le destin. Au fond, disparaissent dans la brume, comme ce passé qui s'estompe, les vestiges d'un monde qui s'écroule. Quel talent !

Deux couleurs s'ajoutent au noir et blanc. Kelek joue encore avec ces contrastes dans sa toile. Ici l'homme cerf baigné dans le soleil nous fixe d'un œil bleu. A quoi pense-t-il ? A des choses qui nous dépassent ou bien, plus inquiétant, nous ayant aperçu, nous qui ne devions pas le voir, va-t-il sortir de sa torpeur pour nous en faire le reproche ? Plus qu'un rouge de sang qui annonce sa couleur, le bleu peut parfois receler une menace qui ne dit pas on nom. Notre place n'est pas ici et pourtant, il nous subjugue et nous ne faisons plus un geste. On admire le talent de Kelek qui a su si bien faire passer tant de non-dits en quelques touches et nous voilà prisonnier de sa toile...

Une couverture étonnamment moderne même si les pattes d'Eph nous parlent d'un temps que les moins de vingt ans n'ont pas pu connaître. Certes ils en connaissent d'autres et pas des moins risibles dans un avenir à naitre. Mais ici, il est question de Kelek et de sa maîtrise de l'espace, d'une géométrie qui nous guide. De lignes qui expriment cette écriture graphique toute personnelle qui parle à notre esprit tout autant qu'à notre regard. Toujours ces expressions de couleurs limitées, deux ou trois qui font écho aux lignes de tout à l'heure pour cerner les sujets à mettre en avant. Quel plus bel hommage et artiste pour accompagner un des trublions de la SF qui a su lui aussi bousculer le genre. Formidable couverture !

Après Kull, Conan, Bran, Solomon Kane voilà El Borak l'Invincible ! Issu de l'inextinguible imagination du prolifique Robert Ervin Howard pourtant disparu à 30 ans. J'avoue que je ne le connaissais pas, encore une occasion de découvrir un de ces héros fantastiques que nous avaient délivré les fameuses éditions NEO. Et comme si ça ne suffisait pas à attirer le chaland, de magnifique couvertures de Nicollet venait envoûter celui qui avait distraitement posé les yeux sur l'ouvrage. Ici encore, au milieu de ces ruines battues par le vent, se dresse le héros sans peur dont la pose tranquille nous rassure sur les évènements terribles à venir. Magnifique peinture du maître en la matière qui sait parfaitement dresser le décor de l'aventure fantastique. Félicitations !

Le fils des âges farouches. A l'époque où les super-héros de Stan Lee envahissaient difficilement l'hexagone en luttant contre la censure. Chéret et Lecureux eux éclaboussaient de leur talent les pages de Vaillant, puis PIF et enfin Rahan. Du noir et blanc à la couleur, des dessins superbes qui n'avaient rien à envier à leur collègue d'outre atlantique. J'ai adoré les uns et autres mais c'est vrai que lui il m'a franchement épaté dans ses aventures pré-historiques. Félicitations pour cette superbe planche !

Sacrée peinture de ces petits formats, un peu de côté chez les marchands de journaux que nos yeux obliques tentaient d'admirer alors que nos têtes étaient résolument tournées vers des lectures plus sages. Ça bouillonnait sacrément chez les boutonneux ! Maintenant c'est devenu plus accessible, mais quels souvenirs. Félicitations pour ce bel exemple de peinture injustement sous estimée pendant de nombreuses années...

Une planche superbe, les deux cases du milieu sont à tomber. Les expressions de visage chez Buscema sont incroyables et de toute beauté. Un numéro d'une émotion intense, la dernière case de l'histoire est... historique mais surtout oui à serrer le cœur. John délivrait de fabuleux crayons et l'encrage de Joe était non seulement respectueux mais d'une finesse remarquable. Félicitations pour ce bijou...

Adèle, on ne peut que l'aimer et plus encore quand Tardi l'anime dans des décors magnifiques, elle, son fichu caractère, son indépendance. Géniale tête brûlée qui bouscule tout sur son passage inspirant un formidable dessinateur qu'on adore dans ces aventures fantastiques en tous points. Merveilleux !

Vertigineuse planche avec un Sergent Rock souriant, c'est rare et ça ne dure généralement pas pour cause d'action à venir. Une mise en page parfaite d'un spécialiste en la matière. Une science que maîtrise les grands, sachant alterner les vues lointaines ou rapprochées, les changements de position de la caméra. Quand la BD réaliste, parle comme le cinéma alors le film devient une totale réussite. Kubert est un fabuleux metteur en scène. Félicitations !

Très belle couverture de Chott, une profondeur et du mouvement qui irradient sur toute la planche. Un écabloussement de couleurs. Félicitations !

Palmer a été pour beaucoup de dessinateur un révélateur ou un "embellisseur" de génie. Avec Colan la paire a dépassé chacun d'entre eux. Les Daredevil étaient somptueux mais le génie a été atteint avec Dracula. L'ambiance rendue par l'encrage parfait, l'usage du zipatone, tout a concouru à ce chef-d’œuvre du genre. En noir et blanc c'est encore plus évident, on se retrouve plongé dans un de ces films d'horreur où l'angoisse s'insinue dans votre esprit à chaque image. Fascinant !

Ah, voilà une bonne occasion de me mettre au néerlandais ou plus exactement au flamand qui a bercé mon enfance et mes vacances sur la côte Belge. Trêve de plaisanterie, Tillieux est un des maîtres du Franco-Belge de chez Spirou. Là aussi que de souvenirs, de Gil Jourdan mais aussi de Félix qui nous rappelle que Maurice Tillieux fait partie des grands de la bande des incontournables et difficilement dépassable dessinateurs de cette magnifique école Belge.

Denis Sire ne se contentait pas de faire partie d'un groupe de rock il était aussi un merveilleux dessinateur, à moins que ça soit l'inverse ou plus sûrement encore les deux. Tout le talent éclate dans ce dessin qui rassemble deux de ces passions picturales, Le jolie femmes et les voitures. Il adorait les rendre sur le papier et ça voit particulièrement ici, Félicitations !

Un de ces belles couvertures du Fleuve dans sa période où un triangle dévoilait joliment ce qui était évoqué dans un joli bleu. Ici, un sacré travail où la technique réalise le tour de force par sa profondeur de nous délivrer une image en trois dimensions. Un parasol qui semble avoir souffert tout comme le personnage du centre des outrages du temps et des geôliers qui l'entourent. Une atmosphère étouffante rendue de façon magistrale par l'artiste...