2011 - Mezzo - Don Quixote de la Mancha

- Dessin "Don Quixote de la Mancha" pour l'exposition collective "El discobol de Don Quichotte" au festival de Perpignan FID & BD en 2011 et le bouquin chez Trabucaire.
- Fuzz Book en 2016.
- Affiche de l'exposition consacrée à Mezzo à la Galerie Glénat en 2018.

Signé MEZZO

Dans cette variation hallucinée de Don Quichotte, Mezzo emmène d’emblée le chevalier errant très loin des plaines de la Manche. Le hidalgo s’est métamorphosé en centaure famélique, arc bandé plutôt que lance en avant, profil fouetté par le vent, silhouette taillée à la serpe dans un ciel de nuit saturé d’encre. Accroché à sa taille, une figure féminine – Dulcinée, peut-être, ou un simple rêve de Dulcinée – s’agrippe comme à la dernière illusion possible. Sous eux, un second corps chevalin difforme, tête coiffée d’un sombrero circulaire, évoque un Sancho Pança réduit à l’état de monture grotesque : l’écuyer devenu bête de somme, double comique et tragique à la fois.

Tout est mouvement et heurt dans cette image : les sabots frappent le sol, la poussière s’envole, l’ombre immense déborde du cadre. Au loin, sur une sorte de rivage lunaire, les « géants » qu’affronte Don Quichotte ne sont plus des moulins mais des monstres cyclopéens, silhouettes rondes et bancales surgies d’un cauchemar de science-fiction. Mezzo pousse ainsi jusqu’au bout la logique de la déformation : ce que Cervantes annonçait comme le délire d’un lecteur de romans de chevalerie devient ici un univers entier basculé dans la folie, où la frontière entre hallucination et réalité n’existe plus.

Le noir et blanc très contrasté, les hachures nerveuses, les volumes sculptés par la lumière inscrivent cette vision dans la continuité du travail de Mezzo : un baroque noir, sensuel et inquiétant, qui convoque à la fois l’affiche de cinéma, la gravure expressionniste et la bande dessinée la plus contemporaine. Réalisée pour l’exposition collective « El discobol de Don Quichotte » (FID & BD Perpignan, 2011), reprise ensuite dans le Fuzz Book et en affiche à la Galerie Glénat, cette image impose un Don Quichotte devenu mythe pop : un fantôme de papier, à la fois héroïque et pathétique, lancé dans une charge éternelle contre des monstres qui ressemblent furieusement à nos propres chimères.