1990 - William Vance - XIII (La Nuit du 3 août)

Planche 19 du tome 7 de la série XIII

Signé dans la case n°5: 1990 W.Vance & J. Van Hamme

XIII: l’amnésique le plus célèbre de la BD. Une mèche de cheveux blancs sur la tempe, le nombre XIII tatoué sur la clavicule gauche, ce sont les seules traces de son passé. XIII, c’est aussi la série qui connait près de 40 ans de succès, plus de 15 millions d’albums vendus dans le monde depuis 1984, et qui est parue dans 20 pays différents.

L’album La Nuit du 3 août d’où est issue cette planche, est le 7ème opus de la série XIII. C’est l’un des tous meilleurs. Il conclut l'enquête ouverte dans le tome 6 avec le Dossier Jason Fly, nous révélant l'identité complète de XIII (enfin, ce qu'on est en droit de penser être son identité...). XIII découvre comment son père a été assassiné par le KKK, et le nom de sa mère (Margaret Mullway), morte à sa naissance. Achevé en août 1990, l’album parait en novembre de la même année.

Au niveau de l'intrigue, XIII et le major Jones, loins cette fois ci des complots internationaux et de leurs conséquences, sont confrontés à l'Amérique profonde, avec ce que cela peut signifier de goût du pouvoir "à tout prix", de nationalisme voire de racisme (le KKK y fait même une apparition), de machisme stupide et de relents du Maccarthysme.

Lorsque l’on demandait à Jean Van Hamme quelques années plus tard (en 1998) s’il arrivait encore à s’y retrouver dans son intrigue de plus en plus inextricable, il avouait dans une interview parue dans le tome 3 de l’intégrale noir et blanc NIFFLE : « C’est un jeu avec les lecteurs qui demande quand même une certaine discipline. Avant d’attaquer un nouvel épisode, je relis tous les albums précédents pour être sûr de ne pas m’emmêler les pinceaux. Jusqu’à présent, je n’ai trouvé, à la relecture, que deux ou trois invraisemblances. Et personne ne semble avoir mis le doigt dessus. Le but étant de piéger le lecteur, il me faut mettre sur pied des histoires assez tordues. L’une de mes techniques consiste à semer des indices anodins dont je me servirai deux albums plus tard. C’est un jeu très amusant qui empêche la sclérose des neurones ».

Outre son appartenance à un excellent album, j’apprécie plusieurs choses sur cette planche :
- Le trait, comme toujours réaliste et précis de William Vance,
- L’encrage marqué et homogène, le jeu avec les lumières, grâce auxquels William Vance arrive à générer une véritable ambiance générale harmonieuse dans la totalité de la planche,
- Son découpage cinématographique, avec des points de vue variés à hauteur d’homme, en plongée, en contre plongée,
- Evidemment, la présence de XIII dans plusieurs cases,
- Les attitudes, les expressions, non statiques, non figées, des différents personnages,
- Le niveau de détails élevé dans les décors de certaines cases en particulier (n°1 et n°5 par exemple),
- Enfin, le clin d’œil à la série XIII dans la dernière case, avec la pile de BD devant le pied gauche de XIII (qui est assis sur des dossiers, sur des livres ou des piles de journaux : normal les personnages se trouvent dans les locaux d’un journal), ou l’on aperçoit tout en bas, sur la tranche, une BD de XIII … ?

Enfin, voir une planche de XIII, et de cette qualité, rejoindre ma collection est un plaisir énorme ❤️

Lien vers un article de bdzoom paru au moment de la disparition de William Vance: http://bdzoom.com/129843/actualites/william-vance-disparition-d’un-maitre-de-la-bd-realiste…/

Lien vers un article exceptionnel concernant William Vance, dans Libération: http://next.liberation.fr/culture/2018/05/15/william-vance-entretenait-une-relation-amour-haine-avec-xiii_1650229