Stelio Fenzo, Hugo Pratt, Giancarlo Ottani, Loredana D'Este, Double planche de Tiki - Planche originale
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Double planche de Tiki

Planche originale
1967
Techniques mixtes
Encre de chine et feutre
19 x 28 cm (7.48 x 11.02 in.)
(deux fois)
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Planches 4 et 5 parues dans Safari n°146
Détail Tubuk
Détail Arek le lion
Détail Tubuk (2)
Planche 6 (de Pratt) et 7 ( de Fenzo) du 1er récit de Tiki.
Qui est Tiki ? - édito de la revue "Sgt. Kirk" (repris ici par les éditions Epierre).
Couverture de Paolo Ongaro pour le n°146 de "Safari ".
Planche 1 du "Prince de Kano", signée Stelio et datée 1967
La Storia di un incontro 1-2
La Storia di un incontro - traduction
La Storia di un incontro 3-4

Description

Planches 4 et 5 du récit "Le Prince de Kano", de la série Tiki Fils de la jungle (Kiwi il figlio della jungla en version originale).

Tiki est demandé par le Sage de la montagne. Il s'y rend en compagnie du lion Arek mais il est arrêté en route par Tubuk, officier de la garde du Prince de Kano, qui le sollicite également. Tubuk s'avère être en fait le Prince de Kano lui-même, qui demande à Tiki de lui succéder.

Inscriptions / Signatures

4 - 5 (en bas à droite : n° des planches)

Commentaire

Kiwi il figlio della jungla est une série tarzanide créée par Hugo Pratt et Giancarlo Ottani pour la revue italienne Radar de l'éditeur Angelo Fasani.
Le premier récit Gomo il vecchio veggente (traduit en français en Chaka le sorcier) est publié dans le n°31 de Radar le 22 novembre 1963. Mais dès la septième planche de ce premier épisode, c'est Stelio Fenzo qui prend le relais de Pratt au dessin (cf. images additionnelles), lequel n'a dessiné que six planches de cette série. À cette époque, Hugo Pratt est bien occupé par son travail pour le Corriere dei Piccoli et ses nombreux voyages à travers le monde. Fenzo raconte simplement cette transition dans le livre "Je me souviens de Pratt" (éditions Mosquito, 2013) où il cite Hugo Pratt :
Allez, Stelio continue cette histoire, s'il le faut, ta femme Loredana t'écrira les textes, moi, je m'en vais !

Stelio Fenzo reprend également deux autres séries d'Hugo Pratt peu de temps après : Capitaine Cormorant (sous le nom de Capitaine Moko) en 1964 et L'Ombre en 1966. Il réalisera même plus tard le story-board d'un film Corto Maltese qui ne verra finalement pas le jour. Fenzo dessine Kiwi jusqu'en 1968, ce récit du Prince de Kano est donc un des derniers de la série. Il semble que ces derniers épisodes aient été spécialement commandés par l'éditeur Aventures & Voyages, au vu du lettrage réalisé en français par l'éditeur, comme cela était déjà arrivé pour des épisodes de Capitaine Moko.
Toujours dans le livre "Je me souviens de Pratt", Fenzo relate une rencontre entre Bernadette Ratier, patronne des éditions Aventures et Voyages, et Hugo Pratt, bien des années plus tard et qui montre à quel point Fenzo s'était fondu dans le style du maître. Ratier disant au créateur de Kiwi :
Non, vous n'êtes pas Pratt, je veux l'autre, Stelio Fenzo, c'est lui Pratt !

L'histoire suit les aventures de Kiwi, un jeune métis fils d'un prince arabe, abandonné, qui vit dans la tribu des Warundi (qui existe réellement), en Afrique noire. Il a pour compagnon son frère de lait, le lion Arek et joue le rôle de justicier de la jungle. Dans ce récit, les lieux nommés sont réels et précis. Dans cette double planche, Tubuk parle d'un rendez-vous aux bouches du fleuve Niger (au sud de l'actuel Nigeria) alors que le ville de Kano existe bel et bien (au nord du même pays) et a été longtemps une cité-état florissante. Ce respect des lieux, costumes et traditions est confirmé par un édito du n°5 de la revue Sgt. Kirk (cf. images additionnelles), qui republie les récits de Kiwi à partir de ce numéro de 1967 :
Bien que Tiki agisse dans des territoires (d'ailleurs identifiables par les noms de races et de tribus) les plus variés et très éloignés les uns des autres, l'aspect graphique des peuples qu'il rencontre est cependant rigoureusement sincère. Le bémol qui pourrait cependant être fait concerne l'extrême facilité avec laquelle on passe, par exemple, d'une tribu Bambuti, qui vit dans le Haut Congo, à une tribu Tutsi située à quelques milliers de kilomètres plus à l'est.

La série Kiwi est vite reprise en France par les éditions Aventures et Voyages, qui la publient dans la revue Lancelot, dès 1964, en série secondaire. Il semble donc, comme dit plus haut, qu'à l'épuisement des épisodes réédités, il en ait été commandé de nouveaux spécialement pour la France, au moins à partir du Lancelot n°70 d'août 1967. Ces derniers épisodes ont ensuite été publiés assez doucement, entre fin 1967 et début 1969 ; la revue étant devenue trimestrielle à partir du n°73.
La série est ensuite rééditée, toujours par Aventures et Voyages, dans Safari, de 1976 à 1983. La couverture de la réédition, réalisée par Paolo Ongaro, reprend d'ailleurs le moment de la rencontre entre Tiki, Arek et Tubuk, décrit dans la double planche (cf. images additionnelles).

La série est éditée en France sous le nom de Tiki et non Kiwi sans doute à cause d'une série humoristique du même nom qui existait déjà aux éditions Lug, dessinée par Jean Cézard. Ce n'est pas le seul problème de nom que connaît la série puisque qu'elle aurait dû initialement s'appeler Moko, nom qui a été donné par erreur à la série Capitaine Cormorant lors de sa première réédition en Italie dans Radar. Pour ajouter à la confusion, une série Tiki est créée par Berardi et Milazzo en 1976 en Italie.

Il y a deux scénaristes de la série, Giancarlo Ottani qui a écrit plusieurs épisodes au début, avant que la femme de Fenzo, Loredana d’Este, ne prenne le relais. Celle-ci réalise aussi le scénario de la suite du second épisode de Capitaine Cormorant en 1968. Il est probable que cela soit cette dernière qui ait écrit le scénario de cet épisode de 40 planches, même si elle n'est pas créditée. Fenzo, lui, signe par son prénom en première page du récit avec l'année de création (cf. images additionnelles).

Ce n'est pas la seule série tarzanide dessinée par Stelio Fenzo puisqu'il réalise notamment l'érotique Jungla, sa série la plus connue, sur des textes de Paolo Trivellato en 1968, Koko (traduit en Bwana Simba) scénarisé par Giuseppe Pederiali en 1976, et surtout Simba il figlio del fiume (traduit en Simba fils du fleuve) sur des scénarios de Loredana d’Este en 1978. Cette dernière série rappelle très fortement la série Kiwi, jusque dans le physique du personnage principal, accompagné par un lion.

Ces planches très "Prattiennes" m'ont bluffé : le lion, le guerrier sont très aboutis, très proches du style de Pratt... Pour la petite histoire, je ne suis pas le seul à le penser. C'est en lisant Kiwi, et semble-t-il les épisodes français également, que l'homme d'affaires gênois Florenzo Ivaldi, amateur de bande dessinée, a voulu rencontrer Fenzo pour discuter avec lui :
De nombreuses fois, il [Ivaldi] est venu me rendre visite au Lido [quartier de Venise] , et m'apportait, des réimpressions de ces récits dans d'autres langues.
Une des rencontres a lieu au printemps 1967 à Venise, Loredana d'Este est présente, Ivaldi confie aux époux qu'il aime le trait de Stelio Fenzo, qui lui rappelle un auteur qui le fascine : un certain Hugo Pratt. Fenzo va alors jouer le rôle d'entremetteur en proposant une rencontre le jour même entre Ivaldi et Pratt, qui pour une fois est à Venise. De cette rencontre (dessinée en 4 planches par Fenzo, cf. images additionnelles) découle la création de la revue Sgt. Kirk dans laquelle naît un certain Corto Maltese...

Publications

  • La couronne des Lombard
  • Aventures Et Voyages
  • 03/1968
  • Double page
  • Tiki - Le prince de Kano
  • Aventures Et Voyages
  • 12/1981
  • Double page 6-7
  • Album n°19 (du n°73 au n°75)
  • Aventures Et Voyages
  • 06/1969
  • Double page

Thématiques


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A propos de Stelio Fenzo

Après avoir envisagé une carrière d'architecte, Stelio Fenzo se lance dans la bande dessinée en 1947 en rejoignant la revue l' Asso di Pische créée par Mario Faustinelli et Alberto Ongaro, à laquelle collabore notamment Hugo Pratt dont il devient l'assistant et l'ami et ou il publie sa première histoire Indocina. Il entre au Giornale illustrato en 1948 puis au Vittorioso en 1950. En 1952, il part en Angleterre et travaille pendant une dizaine d'années avec les maisons d'éditions Fleetway et DC Thompson, dessinant principalement des histoires sentimentales et policières. En 1962, à son retour en Italie, il reprend plusieurs séries animées par Hugo Pratt, telles que Capitaine Cormorant et Kiwi. En 1968, il se tourne vers la bande dessinée érotique, créant notamment le personnage de Jungla pour les éditions Ediperiodici, qu'il dessine jusqu'en 1971, Mario Cubbino lui succédant alors. Il fournit un nombre impressionnant d'histoires pour magazines de bandes dessinées pour adultes dont beaucoup sont adaptées en français par Elvifrance pour ses diverses publications (Contes Satyriques, Culbutant, Histoires Sanglantes, Outre-Tombe…). Parallèlement à cette activité, Stelio Fenzo collabore à compter de 1971 au magazine catholique Giornalino destiné à la jeunesse. Pour ce public, il produit de nombreuses séries dans les genres les plus variés.

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