Malaterre - la Réception - planches 76 et 77

Malaterre

Acte : La Réception
metteur en scène : Pierre-Henry Gomont
acteur principal : Gabriel Lessafre
acteurs secondaires : ses convives aristos

Signé en bas à droite

Pierre-Henry Gomont sait recevoir !!!
Ou tout du moins ce cher Gabriel…
Rare double planche avec en-tête de chapitre

Quelle double page et quoi de mieux que de laisser l’auteur lui-même en parler avec un extrait de son interview pour Télérama en date du 15 décembre 2018. Trois pages y sont exposées et voici la partie qui concerne la page 77, alias celle de droite…

« La réception
C’est une des pages qui m’a fait le plus rigoler en la dessinant. On y voit toute la morgue de Gabriel, sa mauvaise foi, son côté mielleux, menteur et faux-cul. Il bouge dans tous les sens, parle à deux cents à l’heure, en décalage total avec les vieux barbons qu’il a invités, et qui ne souhaitent qu’une chose : rejoindre le buffet pour manger. Gabriel est dans une très mauvaise situation financière, il veut sauver son domaine de la ruine. Pour cela, il cherche des investisseurs. Il décide d’organiser une grande fête, pour impressionner les notables du coin. C’est un coup de poker, il y brûle ses dernières cartouches. J’ai joué sur la forme de ses phylactères : généralement, les bulles contenant ses dialogues ont une queue en forme d’éclair ; ici les circonvolutions de son langage transparaissent. Il joue le faux modeste, avec une gestuelle très outrée, théâtrale — cela rappelle ce que fait Christophe Blain, notamment dans sa série Gus. »

Pour ne rien vous cacher, c’est aussi parce que c’est une des pages les plus rigolotes de l’album que je l’ai choisie. Mais pas que ! J’y retrouve Gabriel, un des personnages qui m’interpelle et me fascine le plus en bande dessinée. Pierre-Henry Gomont a su lui donner vie d’une manière assez bluffante et qui reste surtout assez énigmatique à mes yeux. Et puis on est au début d’un chapitre, on retrouve le triple niveau de narration que j’adore (bulles « standard » accompagnées de la voix off et de bulles dessinées) et j’adore ce couple d’aristo aux longs becs qui vient bouloter le buffet tels des pigeons qui picorent des graines…
Quelle fluidité dans la narration et ce trait, je le trouve vif, énergique et d’une redoutable précision ! Franchement, Pierre-Henry Gomont a tout d’un grand et chacun de ses albums est là pour le rappeler. Il parle de Christophe Blain. J’y vois indubitablement du André Franquin ! Et surtout, j’y vois avant tout du Pierre-Henry Gomont. Ce trait et cette narration ne sont comme nul autre. Il a une identité narrative et graphique reconnaissable entre toutes !

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