Dans la collection de Vertommen
Bernard Hislaire, Yann, Didier Conrad, Bidouille et Violette - Les derniers mots - Planche originale
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Bidouille et Violette - Les derniers mots

Planche originale
1981
Encre de Chine
Mine de plomb, encre de chine.
29.5 x 19.0 cm (11.61 x 7.48 in.)
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Avec le calque indications des couleurs.
Détail.
Détail.
Détail.
Détail.
Scan de la page 44 du Spirou n°2266 du 17 septembre 1981.
Ensemble des deux titres.
Spirou N° 2266 du 17 septembre 1981.

Inscriptions / Signatures

Signé, en haut à gauche sous le cœur, dans le titre.

Commentaire

Mine de plomb, encre de chine.
Dimension (du dessin) : 295 x 190 mm.
Signé.
Calque avec indication des couleurs.

Publié dans le Spirou N° 2266 du 17 septembre 1981 en page 44 (voir visuel).


Otage des codes de moralité et des écoles graphiques de « Tintin » et de « Spirou », la bande dessinée belge des années 60 et 70 n'est pas assez rock'n roll pour les jeunes artistes comme Bernard Hislaire qui découvre un autre monde, celui de « Mai 68 ».
On arrêtait les cours en levant la main. On fumait en classe. Les élèves faisaient des sit-in pour clamer qu'Isaac Asimov planait loin audessus des classiques de la littérature française.

Vient le temps des rencontres déterminantes : celle d'Eddy Paape, l'auteur de Luc Orient, le premier auteur à oser enseigner la bande dessinée en Europe, et celle de Claude Renard, ouvreur de l'atelier du 9e Rêve, pionnier d'une bande dessinée adulte libérée des tabous de l'enfance.
Mais dans l'immédiat, c'est Jean-Marie Brouyère, le scénariste baba cool d'Archie Cash, qui prend Bernard Hislaire sous son aile.

Jean-Marie Brouyère vit aux beats du flower power.
Son appartement plane sur des tapis de fumées et de musiques psychédéliques.
A l'orée de l'adolescence, Bernard Hislaire fait le grand bond en avant. Il quitte la maison et part habiter dans l'atelier de Jean-Marie Brouyère, rue de l'Arbre Bénit, au-dessus du banc public de Bidouille, son amour de héros à naître.

A 17 ans, il claque la porte de Saint-Luc pour une vie de squat. En apesanteur, il participe aux projets fumeux de magazines belges de bande dessinée ados-adultes calqués sur « Metal Hurlant ». Entre deux trips de psyché-rock, il décroche tout de même une Carte Blanche chez « Spirou » : Deux pages payées très précisément 2.333 francs belges, un pont et un banc d'essai idéal pour un jeune auteur lâché par ses parents, forcé de vivre dans la rue.

Jean-Marie Brouyère tente de le persuader de se couler dans le moule de « Spirou », de proposer une série humoristique pour avoir une vraie chance d'être publié. Ce sera « Coursensac et Baladin », une aventure en 44 planches.
Hislaire ne se résout pas à abandonner ses rêves de bande dessinée artistique. Plutôt que de s'engouffrer dans la voie de « Coursensac », il imagine une série romantique très fraîche et différente de ce qu'on pouvait voir à cette époque.

Nait le duo hippie gentil de Bidouille et Violette.

Bernard Hislaire « voulais des héros à mon image, fragiles, qui manquent de confiance en eux, avec une vraie sensibilité et de la sincérité à fleur de peau ».

Le nouveau rédacteur en chef de « Spirou », Alain De Kyussche, laisse faire.
Jean-Marie Brouyère regarde ces efforts comme un péché de jeunesse, se demande où est la mécanique du gag, ne comprend pas cet étalage de sentiments dans un hebdomadaire de jeunesse.
Charles Dupuis observe Bidouille et Violette d'un air méfiant. Il rappelle au jeune mécréant de ne pas trop s'écarter du classicisme.

« Spirou » lui reproche d'être trop adulte et coupe une dizaine de planches dans « La reine des glaces », la nouvelle aventure de Bidouille et Violette.
Le fils de Monsieur Dupuis lui passe un savon : « Bidouille et Violette sont sur un banc, qu'ils y restent. Pas question qu'ils montent dans la chambre à coucher ».
Bernard Hislaire perd la foi. « Spirou » ne peut pas lui demander de renoncer aux valeurs d'expérimentation qui fondent sa vision personnelle de la bande dessinée.
Honnête avec lui-même, il dessine ce qu'il ressent.
Bidouille vire à la tragédie. Il est victime d'un accident. La série tourne court.
« Je n'ai pas voulu la mort de mon héros. Elle était tout simplement devenue inéluctable » avoua-t-il.

C’est Yann et Conrad, « pirates » du troisième étage de la rue de Livourne à la rédaction de « Spirou », qui ont rapidement récupérés « Les Hauts de page » ( rubrique du journal Spirou paru entre le no 2222 du13 novembre 1980 et le no 2269 du 8 octobre 1981) qui étaient animées d’abord par le trio Frank, André Geerts et Bernard Hislaire qui se déchaînaient en brocardant les vieux héros, convaincus que l'avenir leur appartenaient.
Oui, eux, Yann et Conrad, les deux responsables de la première paire de couilles poilues qu'on ait vue dans « Spirou »,
Oui, eux, Yann et Conrad, qui n’ont pas ménagés Bernard Hislaire dans « Les Hauts de page » car ils étaient fatigués d'entendre Bernard l'égocentrique se plaindre.
Oui, eux, Yann et Conrad, qui feront ce gag désopilant de « Bidouille et Violette » présenté ici.

Remarquez la similitude des titres faits par Bernard Hislaire (voir visuel).

D’une série comme Bidouille et Violette calquée sur un style jeunesse cher à Spirou, Bernard (Hislaire) Yslaire (Y comme deux ailes déployées vers le ciel …) s’est lancer dans une « tragédie romantique » dix-neuvièmiste, employant un style pictural et académiste et inaugure le troublant roman familial des Sambre.

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A propos de Bernard Hislaire

Bernard Hislaire est un scénariste et un dessinateur belge de bandes dessinées. Il signe également Yslaire, Hislaire, Sylaire ou iSlaire. Sous cette signature, il est notamment connu pour la série Bidouille et Violette.