Commentaire
Deuxième double planche de l'album que j'intitule en pur plagiaire "La collecte des témoignages". Sherlock Holmes saisit de la mystérieuse agression du Dr Fowler se rend au domicile du couple victime. Pour la première fois, présenté assis et buvant le thé, le détective londonien écoute, compartimente et classe les témoignages de Mrs Fowler (page 14) et de son époux (page 15) en présence d'un Watson assez peu prolixe.
Ici, point de mansarde, seule une écoute attentive et un classement minutieux de mots-clé s'élevant aux oreilles d'un Holmes central et imperturbable. Chaque mot souligné dans le témoignage du couple Fowler est figuré par une feuille pénétrant dans le cerveau du détective... pour une fois ;)
La mise en scène de cette double page (peut-on encore parler de découpage) pour reconstituer l'échappée nocturne du Docteur, ne laisse finalement et à contrario que peu de place graphiquement aux témoignages. Holmes quasi-muet (il ne pose que deux questions et "vanne" son témoin : "J'oublie parfois que la linguistique des objets n'est accessible qu'au logicien chevronné") reste graphiquement au centre du récit.
Cette double planche est remarquable tant par sa composition que par la finesse du trait de Benoit Dahan qui prend, le temps d'une scène, à contre-pied le lecteur qui aurait pu s'attendre à une retranscription linéaire et détaillée de l'échappée du Docteur Fowler. Et pourtant, Holmes reste au centre de toutes les attentions et de la double page (ceci est un zeugma).
La dernière case prépare le lecteur à tourner la page, avec un détective qui va entrer dans la tête de la victime plus que le lecteur n'entrera dans celle du détective...
Nous pardonnerons bien volontiers à Benoit Dahan la petite faute d'orthographe qu'il a mise dans la bouche de Mrs. Fowler sur l'original (dernière case de la planche 12, où le sommeil de l'épouse est si léger qu'il en perd un "M"). La faute sera corrigée sur la version imprimée...