Commentaire
Publication dans (A suivre) n°24 de janvier 1980.
Planche grand format de 53 x 40 cm.
Cette histoire, sur laquelle Auclair travailla pendant cinq ans, fut publiée dès le premier n° paru en février 1978 de ce magazine qui donna ses lettres de noblesse aux longs récits en noir et blanc.
La mise en chantier de ses 14 chapitres qui rythmeront le récit de 158 pages entre 1978 et 1981 se fera en trois "saisons" espacées, à savoir dans les n° 1 à 3, 22 à 26 et 35 à 40.
S'il ne se trouve sans doute même plus en librairie, c'est pourtant graphiquement une claque pour certains passages qui n'ont rien à envier aux autres classiques publiés à la même époque dans (A suivre) !
Les scènes nocturnes, de pluie ou de mer déchainée sont parmi les meilleures.
Le Corbeau Rouge, Bran Ruz, est un enfant abandonné. Sa chevelure rousse est signe de malédiction en ces temps reculés et il apprend à survivre seul dans la lande à l'ombre de la majestueuse cité d'Is plantée au milieu des eaux et gouvernée par Gradlon.
Nous sommes dans le IVème siècle après JC, et le vice s'est emparé depuis longtemps de cette ville qui gouverne la région par la terreur et l'injustice. Inceste royal, corruption généralisée, luttes intestines pour s'approcher du pouvoir, prêtres fanatisés par leur devoir d'évangéliser et purifier les agissements de tous, un roi affaibli et borderline... Une véritable société décadente dépeinte par un Auclair qui en avait animé jusque là une autre dans les pages du Journal Tintin, à savoir celle des temps post-atomiques de son Simon du Fleuve.
A propos du scénariste, notons que ce dernier venait du milieu cinématographique (il fut, entre autres, l’assistant-réalisateur de François Truffaut sur « Les Quatre cents coups »). Son nom est souvent évoqué dans le milieu du 9ème Art car il avait intenté un procès à Claude Auclair revendiquant le fait qu'il était autant propriétaire des planches Bran Ruz que le dessinateur, et il finit par faire jurisprudence en la matière en ralliant la justice à sa cause !