Le Si... si... si... : Mariol

19 septembre 2021,  par  2DGalleries

 

Ce mois-ci c'est Mariol qui répond aux questions du Si... si... si... !

 

 

1. Si je devais citer un élément déclencheur qui m'a poussé à acquérir mon premier original et donné envie de collectionner ?

 

Je crains que je sois tombé dedans dès mon plus jeune âge... en commençant par « détruire » la collection d’un autre ! Oui, je sais, c’est moche ! Mais je ne peux être retenu pour unique responsable. La légende familiale raconte que mon père collectionnait les bandes dessinées gagnées à la sueur de son front. Son personnage fétiche : Lucky Luke. Il les possédait tous en éditions originales et à en faire pâlir plus d’un pied-tendre, y compris Dick Digger ou autre Pat Poker.

 

La légende raconte également qu’il préféra les laisser chez ses parents dans la chambre du haut tout au fond, le lieu le plus inaccessible et le plus intriguant surtout, celui devant sécuriser au mieux ses trésors des petites mains de mon grand frère et des miennes. Mais c’était sans compter sur un jour d’ennui et notre grand-mère qui pensa bien faire en nous donnant toute sa pile de bandes dessinées accompagnée d’une boite de crayons. Je vous passe la suite, mais ce fut un vrai carnage ! De quoi en entendre encore parler 40 ans plus tard ! Avec le sourire je vous rassure, mon père n’est pas rancunier (la chair de sa chair tout ça tout ça). Pour la petite histoire, entre les gribouillis et les déchirures, il n’y eut que trois rescapés et encore, c’était vraiment histoire de dire ! Bref, un grand moment !

 

Ce moment de vie a sans doute servi à m’inoculer le virus paternel. Une passation de relais en quelque sorte. De mémoire d’enfant, je crois que j’ai toujours collectionné. J’ai commencé sous la tutelle de mes parents à rapporter des vacances d’été des petites séries d’animaux en porcelaine (oui, je sais, passons vite à autre chose) et à avoir très tôt des bandes dessinées pour Noël. Suivirent des voitures (en miniature hein, j’étais encore loin d’avoir le permis à cette époque-là !), des figurines de jeux de rôle, des cartes Magic (à ce stade ce n’était plus de la collection mais de l’empilement).

 

Le réel début de ma collectionnite commença dans la foulée du déménagement de mon frère sur Paris. Et là, affranchi de toute tutelle, le virus de la bande dessinée a commencé à prendre une proportion folle… ex-libris, dédicaces, tirages de tête, statuettes et enfin les originaux qui ont définitivement supplanté tout le reste. La beauté du papier, du trait, l’alchimie qui vient vous happer au premier regard, il n’y a rien d’égalable !

 

 

 

Planche de Perdita Queen par Didier Crisse ... en partance pour son plus beau voyage

 

 

 

Mon premier achat : une planche de Didier Crisse pour Perdita Queen chez un certain Daniel Maghen sur un stand à simples tréteaux lors d’une convention de la bande dessinée sur Paris. C’était dans les années 90. A l’époque, je souhaitais prendre autre chose, mais j’étais encore jeune et en études. Les finances ne pouvaient clairement pas suivre. Alors, je me suis « rabattu » sur cette planche d’un album qui m’avait beaucoup marqué et que j’aime toujours relire d’ailleurs.

 

Et puis un jour, il a fallu que je fasse quelques choix pour financer mon premier grand voyage à l’étranger. Destination Bali pour quatre semaines à deux façon ultra roots ! Il me fallait donc 1800 euros pour y aller (et en revenir aussi). Le budget était vraiment tendu et j’ai décidé de revendre deux originaux pour concrétiser ce beau projet, dont cette planche (enfin trois pour être plus précis… la suite au prochain numéro).

 

 

 

 

Destination ... Bali

 

 

 

Avec le recul, grand bien m’en a pris. J’ai ce jour-là attrapé un second virus et pas des moindres et dorénavant il me faut jongler entre les originaux et les voyages pour mon plus grand plaisir (et celui des miens aussi).

 

 

 

2. Si je pouvais ajouter à ma collection une œuvre présentée  actuellement dans les galeries de  2DG ?

 

Argh ! Gros dilemme ! Je dois faire partie d’une espèce assez rare qui adore bon nombre d’auteurs, mais qui ne voit pas l’intérêt de tous les « collectionner ». Beaucoup d’entre eux font partie de mon imaginaire, mon patrimoine et les avoir en bande dessinée et dans ma tête me suffit amplement. Je ne vois pas d’intérêt particulier à les afficher sur un de mes murs.

 

Seuls quelques-uns ont ce truc en plus qui me donne vraiment envie de pouvoir regarder à loisir, tranquillement à la maison, des petits bouts de papier coloriés de leurs propres mains. Et pour ceux-là, j’estime être déjà très bien servi, avoir le top du top en quelque sorte, enfin les pièces avec lesquelles la magie opère au point d’en avoir les yeux qui brillent à chaque fois que je les regarde.

 

Du coup, là comme ça, en réfléchissant devant mon PC, difficile à dire. Vraiment difficile ! Alors je me remémore quelques pièces qui m’avaient particulièrement marqué lors de leurs mises en ligne… la couverture avec le Marsupilami de BillBaroud, la Silver Surfer de Boris, la Bob Morane d’Arpagon, la Femme Piège et la Cléopâtre de Carbonnieux et j’en passe… pour au final m’arrêter sur les Bajram d’un certain Fred, non parce que je les regrette (il s’agit de l’autre pièce que j’avais revendue à l’époque pour financer mon premier voyage à Bali, un duo indissociable qui ne fait qu’un), mais parce que cela ne me déplairait pas qu’ils reviennent faire un tour à la maison, histoire de pouvoir les regarder à nouveau et me refaire une idée avec des yeux plus aiguisés (bien plus vieux quoi !). Un choix animé par la curiosité à vrai dire. Tout simplement.

 

 

 

 

 

Diptyque Universal War One par Denis Bajram dans la collection de Fred

 

 

 

 

3. Si je ne devais conserver qu'une seule œuvre dans ma collection ?

 

Ah ah ! La bonne blague ! Il y a quelques années, j’ai entrepris un lourd travail pour éviter de trop me disperser et surtout pour affiner mes goûts, mes envies et identifier ce qui me fait le plus vibrer. Objectif : avoir une seule pièce par auteur. Pour certains d’entre eux, j’ai réussi à accomplir ce dur challenge. Pour les autres, comment dire… le travail est loin d’être abouti !?!?! Très loin même ! Alors de là à n’en garder qu’une seule en tout et pour tout ! Chaque pièce a une histoire, une saveur particulière et pour différentes raisons. Vaste sujet et sans conteste la question la plus complexe et inextricable du Si… si… si…

 

Je pensais avoir trouvé une échappatoire à cette question, mais je me suis fait rattrapé par la police. En lisant discrètement par-dessus mon épaule, ma moitié me dit : « Mais c’est quoi cette réponse ? Tu te défiles ! ». Avec un incroyable tour de passe-passe, j’expliquais qu’il ne pouvait s’agir que de mon portrait de Belle de Nuit par Olivier Ledroit trônant fièrement chez mes parents à la plus belle des places de la maison familiale :

 

 

 

 

Belle de Nuit par Olivier Ledroit

 

 

 

 

Ma mère qui reste normalement impassible à tous mes trésors est tombée en adoration devant ce portrait et dans un jour de très grande faiblesse, je l’ai pris sous le bras et je ne suis pas revenu avec… et je sais pertinemment depuis ce jour que tant que ma mère sera en bonne santé (je touche du bois et de la peau de singe), il me sera alors impossible de remettre la main dessus !

 

Après cette reprise de volée, je me suis donc remis à me creuser les méninges, à retourner la question dans tous les sens, à n’en pas dormir la nuit. Rien que ça ! Puis, tel le Messie, une pièce est apparue.

 

J’aurais pu citer l’énorme coup de cœur que j’ai récemment eu pour un jeune et incroyable artiste dessinateur/peintre/graffeur/tatoueur : Veks Van Hillik. A chaque fois que je passe devant cette œuvre magistrale qui trône fièrement dans le salon, mon regard s’arrête, se fige… comme jamais ! Même si la bande dessinée est une de ses influences, celle-ci reste savamment dissimulée dans ses propositions au point de ne pouvoir afficher cette œuvre sur 2DG.

 

Alors, j’ai repris mon chemin de croix et mon attention s’est ensuite naturellement portée vers mon illustration de Jamie Hewlett, l’auteur hors catégorie, le mec largement au-dessus de mon Hall of Fame (ou peut-être à coté, je ne saurai trop dire). Ce dessin de Gorillaz est pour moi mythique, anthologique… muséal comme diraient certains et pour être franc, j’ai toujours beaucoup de mal à croire qu’il ait fini par arriver chez moi. La pièce insoupçonnable, improbable, voire impensable. Mais idem, ce n’est pas tout à fait dans le scope :

 

 

 

 

 

Illustration du groupe Gorillaz par Jamie Hewlett au milieu d’une collection parallèle

 

 

 

 

 

Alors, après moult réflexions et insomnies, mon illustration de Benjamin Flao reprenant l’arbre sacré où repose le légendaire Liongo Humo du somptueux Kililana Song s’est imposée d’elle-même : 

 

 

 

 

Illustration pour Kililana Song  par Benjamin Flao
 

 

 

 

Un doux condensé de bande dessinée, de création, de dessin, de peinture, de texture et surtout un réel appel à voyager et à s’évader. Je ne m’en lasse pas et après toutes ces années, au-delà de la douceur et de la rare poésie qui s’en émanent, j’ai toujours autant de mal à mettre des mots sur ce que je ressens en la regardant. Elle dégage vraiment quelque-chose d’indicible. Très troublant comme sensation. Alors, je me dis finalement que s’il ne devait en rester qu’une, ce serait sans doute celle-ci.

 

 

4. Si je pouvais acheter une œuvre que j'ai laissé filer par le passé ?

 

Enfin une question facile. Je dirai la planche des Larmes du Tigre de Didier Comès passée chez Artcurial fin 2018. Laissé filer est un grand mot car j’ai quand même fait petit bras ce jour-là. Je découvrais encore l’œuvre de ce grand artiste grâce à un ami qui ne m’en disait que du bien et je ne savais pas encore à quel point celle-ci correspond exactement à ce que j’apprécie dans ses propositions :

 

 

 

 

Planche des Larmes du Tigre par Didier Comès

 

 

 

Ce noir, ce découpage, cette précision, cette ambiance… bref du pur Comès comme j’aime ! A tout hasard, si quelqu’un a une jolie Comès qui traine dans ses fardes…

 

 

 

5. Si je pouvais avec un budget de 5 000 € acquérir une ou plusieurs œuvres parmi celles proposées en vente sur 2DG ?

 

5000 euros, cela commence à faire une coquette somme pour se faire plaisir. Pour commencer, je prendrai sans hésiter la Black Science de Matteo Scalera proposée par Falonex. J’ai découvert cet auteur très récemment et quelle claque ! Il est doué le bougre et cette pièce est très représentative de ce qu’il sait faire. En un mot : superbe !

 

 

 

Black Science par Matteo Scalera proposée à la vente par Falonex

 

 

 

Ensuite, ben… je ne prendrais rien d’autre. Je m’arrêterais là. Même virtuellement, je ne sais faire autrement que de choisir une pièce que je verrais bien finir sur un de mes murs et il n’y a actuellement rien d’autre sur le site. Tu peux me remercier cher Administrateur car tu viens d’économiser 4650 euros ce mois-ci, rien que ça ! (NDLR: à ce compte là, on triple le budget la prochaine fois !)

 

 

6. Si j’étais un personnage de Bande Dessinée ?

 

Je dirai Gabriel Lesaffre, personnage central et haut en couleur du fabuleux Malaterre de Pierre-Henry Gomont !

Je ne me reconnais pas vraiment dans ce personnage (hormis pour le penchant sur la boisson, le bon vin hein, j’ai un certain standing à tenir hips !), mais Pierre-Henry Gomont a su retranscrire un personnage particulièrement odieux, que l’on devrait détester et que l’on finit par apprécier d’une certaine manière. Il en devient presque attachant au fil des pages qui se tournent.

Complexe, obsessionnel, mais soucieux de laisser aux siens ce qu’il pense avoir de plus précieux, Gabriel est sans conteste charismatique et fascinant au point d’avoir envie de le citer et de devenir lui, mais uniquement en fiction je vous rassure !

 

 

 

 

Case extraite de Malaterre par Pierre-Henry Gomont

 

 



7. Si j'avais la possibilité de passer une journée avec un artiste disparu ?

 

Pourquoi disparu ? Je vais faire une petite incartade en proposant un auteur aussi talentueux que virtuel car il s’avère impossible de l’approcher telle une chimère ou une arlésienne. Un peu comme s’il n’avait jamais existé ou qu’il était disparu façon breaking news wanted. Boire des coups avec son acolyte de toujours, c’est pas compliqué mais alors lui, c’est juste impossible. Alors je compte sur toi cher 2DG pour m’organiser un rencard avec Jamie Hewlett, el maestro parmi les maestros, le mec hors catégorie de chez hors catégorie ! 

 

 

 

 

Jamie Hewlett

 

 

 

Et sinon pour revenir dans la droite ligne de la question, je dirais sans hésiter Didier Comès, le maitre absolu du noir intense et des ambiances envoûtantes.

 

 


8. Si je pouvais poser une question à cet auteur ?

 

Pour Jamie Hewlett (je persiste dans mon incartade), point de question à lui poser. Le kiff serait juste de se poser à une terrasse parisienne et de regarder la vie se dérouler sous nos yeux un verre à la main. Rien de plus ! Le kiff de la vie qui se consume en excellente compagnie ! That’s all folks !

 

Quant à Didier Comès, j’aurais aimé le rencontrer dans son antre et lui dire : « Didier s’il te plaît (je me permets de le tutoyer direct, je suis comme ça !), tu pourrais m’expliquer comment tu réalises ces si bons millésimes ? ».

Ces noirs sont enivrants et j’aurai aimé qu’il me donne quelques recettes pour essayer de toucher du bout des yeux et de savourer d’autant mieux toute cette profondeur.

 

 

 

 

Didier Comès

 

 

 


9. Si je ne devais posséder qu'un seul album dédicacé dans ma collection ?

 

Question très intéressante qui peut être regardée de différentes manières et que je vais aborder sous l’angle de la conservation à l’image de la question 2.

 

Entre 1997 et 2002, j’étais encore étudiant et j’avais beaucoup de temps libre devant moi. Entre deux parties de babyfoot, j’écumais les librairies et les festivals en quête de dédicaces plus belles les unes que les autres au point d’en avoir accumulé un certain nombre. Puis, une fois rentré dans la vie active, je suis passé à autre chose et j’ai grandement ralenti la cadence au point de n’avoir aujourd’hui que trois auteurs qui peuvent ponctuellement me faire sortir de ma tanière : Olivier Ledroit, Pierre-Henry Gomont et Bastien Vivès. Mes trois chouchous et que ce soit humainement ou artistiquement parlant.

 

Pour Olivier Ledroit, le choix est vite fait. J’en ai beaucoup de très jolies (elles sont toutes top en fait), mais ma première reste gravée comme aucune autre. Il s’agit d’un magnifique profil de Sha réalisé à l’encre de chine en 1998 à la librairie Album rue Dante à Paris. Un moment mémorable ! Heureusement, elle est sur papier et, jeune étudiant et donc sans beaucoup de sous et d’originaux, j’ai pu en profiter encadrée au-dessus de mon lit. Malheureusement, elle est sur papier et ne répond donc pas vraiment à la question.

 

 

 

 

Dédicace d’Olivier Ledroit sur feuille

 

 

 

 

Pour Pierre-Henry Gomont, mon dernier coup de cœur en bande dessinée, elles sont également toutes très belles et j’ai beaucoup de mal à choisir. Je dirai celle avec Pereira ou alors celle avec le Professeur Albert que l’on m’a gentiment offert et que j’adore aussi. Vraiment difficile, mais j’imagine que ma fibre scientifique devrait dans le temps me faire opter pour cette dernière et d’autant plus que j’y retrouve parfaitement ce fascinant savant trépané issu de cette rocambolesque et très cérébrale Fuite du Cerveau.

 

 

 

 

Dédicace de Pierre-Henry Gomont dans La fuite du cerveau

 

 

 

Et enfin, Bastien Vivès… celui qui me fait sortir de ma tanière à chaque occasion possible depuis plus de dix ans ! J’ai arrêté de compter ! A force, il doit vraiment me prendre pour un grand grand malade ! Pas grave, j’assume car j’ai toujours un grand plaisir à le rencontrer, discuter, échanger et le voir dessiner bien évidemment. Ce mec a la classe !

Un virtuose qui récite ses gammes profondément encrées dès son plus jeune âge ! Il dessine comme il est, à savoir bien décomplexé et j’adore ça. Je me rappelle très bien de cette dédicace, celle qui rafle la mise. C’était à L’Arbre à Lettres et une bonne partie de l’équipe Manjari était également présente. Je suis arrivé un peu intimidé et j’ai donné mon exemplaire du Goût du Chlore et aie aie aie ! La claque :

 

 

 

Dédicace de Bastien Vivès dans "Le goût du chlore"

 

 

 

C’était la première fois que je le rencontrais. L’élégance du mouvement, du trait, une facilité déconcertante et juste quelques minutes plus tard, j’étais subjugué. La posture, le bonnet, les lunettes et ce visage… lumineux et radieux. La grâce ! Alors si je ne devais garder qu’un seul album dédicacé, ce serait sans doute celui-ci. Une pure merveille !

 

Après, peut-être que si je collais mon portrait de Sha dans mon premier tome de Xoco… peut-être qu’il en serait autrement…

Ou alors peut-être que si Pierre-Henry Gomont m’avait fait une Marianne complètement nue en train de jouer au bilboquet ou avec son microscope… bref, c’est compliqué tout ça !

 

 

10. Si je pouvais lire la suite d’une bd ?

 

Je pourrais citer les fameux tome 2 du Dernier Loup d’Oz ou le tome 4 des Feux d’Askell, mais il n’en sera rien. Cela fait bien longtemps que je suis passé à autre chose. Idem pour le tome 2 de Perdita Queen.

 

Mon choix se porte sans l’ombre d’un doute sur la saga Last Man de Bastien Vivès, Michäel Sanlaville et Balak. Ce trio a réussi à créer un univers des plus improbables et d’une rare densité. Deux cycles de six albums, un spin-off, une série animée avec une saison 2 à venir, un jeu vidéo, des collectors, des goodies en tout genre et j’en oublie sûrement. Une vraie réussite qui demande à en lire et à en découvrir encore et encore.

 

 

 

L'univers de la saga Last Man

 

 

 

Après tout ce travail accompli et une certaine fatigue, voire usure probablement, les auteurs sont passés à autre chose et je les comprends. Mais je les vois bien revenir un jour ou l’autre, genre dans 20 ou 30 ans, pour nous proposer un troisième cycle et en profiter pour tout saccager héhéhé.

Ils y reviendront, c’est certain. Alors, vivement la suite !

 

 

 

Voici enfin la réponse de Mariol à une question imaginée par Carbonnieux lors du précédent Si... si... si... :

 

Explique-nous comment tu fais dans ton quotidien pour profiter de tes nombreuses pièces ? Les exposes-tu toutes ou pas ? Les fais-tu tourner ? Dans quelle proportion ? Encadrements ? Verres musées ? Etc… 

Et pour les autres qui ne seraient pas exposées, de quelle manière en profites-tu ? 

 

Merci Carbonnieux pour cette question qui me parle plus qu’aucune autre. Sans le vouloir, tu n’aurais pas pu mieux tomber ! Je n’en ai jamais parlé à qui que ce soit auparavant et bim, tu touches du doigt une réelle préoccupation pour moi car ce sujet est justement celui qui anime bon nombre de mes dernières réflexions et qui oriente dorénavant mes choix (et par la même occasion mes réponses à ce Si… si… si…). 

 

 

 

 

Exemple d’un ancien accrochage d'œuvres d'Enrico Marini sur pour la série Rapaces

 

 

 

A l’origine et pendant de très nombreuses années, j’encadrais toutes mes pièces et elles étaient toutes fièrement arborées sur mes murs. Puis arriva le jour où j’ai commencé par la force des choses à devoir en entreposer dans ma penderie (elle était particulièrement grande alors je pouvais continuer à me faire bien plaisir) et je les faisais tourner très régulièrement pour en profiter d’autant mieux. 

 

Tout changea le soir d’un 13 juillet suite à la plus belle des rencontres par l’entremise inconsciente d’Olivier Ledroit… et bien consciente de mon banquier ! Une rencontre qui modifia radicalement ma trajectoire jusqu’à devenir un vil squatteur.

Je vous laisse imaginer, mais arriver dans un logement déjà bien occupé avec une collection d’originaux (et pas que !), cela ne fait pas bon ménage et d’autant plus lorsque Madame est encadreuse et qu’elle aime la peinture. Autant dire que les murs étaient déjà bien occupés et la place libre plutôt réduite. Tout cela pour dire que dorénavant mes nouvelles œuvres ne sont plus forcément encadrées et certaines sont rangées en farde afin de pouvoir en profiter plus facilement à loisir. En première intention, cela pourrait apparaitre comme un mauvais compromis car j’avais initialement pour unique approche que toutes mes œuvres puissent être affichées sur mes murs. Mais, il n’en est rien. Je me suis très bien adapté à la situation et avec un peu de recul, je me dis que c’est tout aussi bien et pour de multiples raisons. 

 

 

 

Exemple d’une farde permettant de caresser certaines de ses œuvres (et parfois les sentir aussi !)

Ici, Marianne, personnage féminin de la Fuite du cerveau par Pierre-Henry Gomont, est riche en relief (et elle sent bon l’huile de lin aussi !)

 

 

 

Depuis toujours, je m’inscris dans une démarche de puriste de la conservation. Dès la réception d’une œuvre, c’est inspection et direction ma formidable conservatrice si jugé nécessaire (j’ai bien dit conservatrice et non restauratrice) et pour les encadrements, c’est toujours la même histoire : verre musée, papiers conservation, fixation conservation, réversibilité et cadre de qualité. Le ph neutre et une belle mise en valeur, il n’y a que ça de vrai pour sublimer ces merveilles ! 

 

 

 

Exemple d’un encadrement maison réalisé dans les règles de l’art par Madame Mariol
(montage équivalent à l’arrière pour profiter également du dessin au verso, seuls le biseau et la réhausse changent de couleur)

Ici, Naïm, personnage principal de Kililana Song par Benjamin Flao, jonche le sol du salon etn’hésite pas à s’adosser sur une gigantesque peinture de Hom Nguyen

 

 

 

Pour les œuvres en farde, c’est un peu le même principe, chacune d’elle est précieusement protégée dans du papier barrière. C’est moins pratique à l’usage qu’une simple farde à fenêtres plastiques bourrée d’acide, mais je préfère et de loin. J’aime pouvoir tourner des pages, toucher du papier (avec précaution bien évidemment ... et non, Elmer, le plastique, c’est pas toujours fantastique !), profiter des vraies couleurs, du relief et surtout, je ne suis plus dans une relation boulimique quand je prends une de mes fardes. Je ne regarde que quelques œuvres à la fois et je prends mon temps. Avec les années qui passent, j’apprécie de plus en plus un bon verre de whisky confortablement installé au coin du feu, plutôt que me taper une bouteille de sky bourrée de coca de mauvaise compagnie. Je préfère me délecter et savourer plus régulièrement une petite quantité de qualité plutôt que de me faire des sessions de shoot au point de frôler l’overdose et ne pas avoir envie d’y revenir de suite. 

 

Pour profiter de mes œuvres encadrées, c’est autre chose et c’est nettement plus compliqué. Confidence pour confidence, il y a actuellement en tout et pour tout une seule de mes œuvres encadrées accrochée au mur (bientôt deux, faut que je sorte la perceuse). J’ai pourtant plusieurs dizaines de cadres, alors oui c’est très peu. Le souci principal, c’est la place et tous ces grands, voire très grands, formats que je possède ! Je m’étais pourtant dit que j’allais arrêter d’en acheter et mes deux derniers, c’est quoi d’après vous ? Ben des grands formats justement : 80 par 110 cm et 120 par 100 cm. Bravo l’artiste ! Faites ce que je dis, pas ce que je fais.

 

 

 

 

Encadrements dans la penderie attendant patiemment leur tour

 

 

 

Du coup, j’en suis arrivé à ce qu’il y en ait un peu partout : une bonne dizaine empilée sous une console, une bonne dizaine dans la penderie et une bonne dizaine qui traine un peu partout au sol dans le salon. Au moins, ceux-là, je peux en profiter d’une certaine manière et j’essaie de les faire tourner du mieux possible. Ils passent donc de pièce en pièce, mais avec un roulement particulièrement lent il faut l’avouer. Bon, dis comme ça, ça fait un peu bordel, mais rassurez-vous ce n’est pas Beyrouth non plus, même si depuis peu, il y a une énorme pièce qui trône sur la table du salon et qui prend pratiquement toute la place. Pas pratique pour recevoir du monde héhéhé !!! Bon, ok, la situation est un peu critique en ce moment et il faut vraiment que je m’attelle à trouver un début de solution… ça commence à urger ! 

 

 

 

Exemple d’œuvres dans le salon. En arrière-plan, l’énorme coup de cœur de Veks Van Hillik.
Au premier plan, les convives du moment : des planches de Matteo Scalera fraîchement reçues reposant sur d’autres planches déjà encadrées et servant de supports.

 

 

 

 

Le running gag à la maison, c’est l’achat d’un manoir de 43 pièces ! Véridique ! Mais plus concrètement, la solution, ce serait déjà d’installer des cimaises, dans les toilettes notamment (meilleur endroit pour afficher ses plus beaux trésors) et surtout dans la cage d’escalier fraichement refaite par votre serviteur. Bon, le souci, c’est cette histoire de devoir percer des murs porteurs à plusieurs mètres de hauteur avec une échelle qui serait naturellement penchée ! J’y réfléchis… doucement. L’autre option, ce serait de concrétiser cette idée de faire construire une bien jolie bicoque et d’y adjoindre une seconde aile par souci de parallélisme des formes (Madame n’est pas encore au courant et elle ne regarde pas au-dessus de mon épaule alors chut chut ! Surprise !). Une aile pour Madame et une aile pour Monsieur… avec quatre pièces s’il vous plait, une pour chacun de mes chouchous et une pour tous les autres, un peu façon patchwork musée perso. En même temps, on est tellement bien dans notre logement actuel ! Et puis changer, n’est-ce pas juste reporter la même situation à plus tard ? 

 

 

 

 

Terrain de jeu à investiguer et à investir !

 

 

 

 

Voilà ma réponse, cher Carbonnieux, et tu l’auras compris : un doux bric-à-brac ! Mais, je te rassure, je le vis très bien. A chaque fois que j’ai envie de voir une pièce, je ne me prive pas, je la regarde ou je me donne les moyens de la regarder et c’est bien là le principal. 

Ma petite expérience m’a démontré qu’avoir un dessin encadré en permanence sous les yeux fait qu’au bout d’un moment, on ne s’y attarde plus. Il finit par se fondre dans la masse et peu importe le sujet. Les faire tourner est une solution mais qui ne fonctionne que trop peu de temps à mon goût. Toute œuvre, aussi captivante soit-elle, finit toujours par s’estomper à l’usage du mur. Alors, je commence à me tourner de plus en plus vers l’option farde qui offre une alternative complémentaire et qui semble aussi plus en adéquation avec mon envie du moment : profiter, toucher, choisir, alterner, retourner, ausculter, etc. 

Et je finirai par : la difficulté d’accès suscite de l’intérêt, la pièce se mérite et la contemplation en devient d’autant plus savoureuse. Comme quoi, ce doux bric-à-brac me permet de profiter d’autant mieux de tous mes trésors et dieu sait que je n’aurai pas misé un seul kopeck là-dessus quelques années auparavant. 

 

 

Nous remercions Mariol pour sa participation.

Rendez-vous le mois prochain !

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18 commentaires
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DersouOuzala Un Si...si...si... des plus agréables à parcourir, surtout provenant d'une personne dont je partage une bonne partie des coups-de-coeur. Ces commentaires roboratifs sont un plaisir dont je ne me lasse pas !
14 oct. 2021 à 15:42
Carbonnieux Que voici un sisisi des plus divertissants et des plus intéressants. C'est toujours un plaisir de découvrir tes textes pour nous aider à décrypter tes sélections ! Et ta manière d'exposer me fait plaisir puisque tu peux en profiter au max !
26 sept. 2021 à 21:39
Random Encore un très beau Si Si Si, où je me retrouve (dans les goûts, et les difficultés) :-)
24 sept. 2021 à 09:39
DanielSansespace Beau texte et des réflexions utiles sur la conservation, merci de ce partage d’expériences !
24 sept. 2021 à 01:49
Takoum Un Si Si Si très réussi , bien personnalisé, avec de l humour et beaucoup de recul sur la collection !
23 sept. 2021 à 21:16
Julia J'adore ce si... si... si...! Tellement bien écrit et plein d'humour! En plus le nom d'olivier Ledroit apparaît pour mon plus grand plaisir ;). Quelle chance as-tu d'avoir une super encadreuse! Une pensé quand même pour les "feu" Lucky luke de ton père ;)
22 sept. 2021 à 17:57
Tarkey Enthousiasme bien sympathique. Je partage la résilience de votre papa vis à vis de ses EOs; les BDs prennent toute leur valeur quand elles sont dévorées. Et je partage aussi une bonne partie de vos conclusions sur affichage et "fardage"
21 sept. 2021 à 21:17
Difool Merci pour ce Si...si...si... bien consistant ! Et pour une solution au manque de place, j'ai une autre idée 😄
21 sept. 2021 à 08:02
Waline Merci pour ce passionnant et foisonnant si..si..si… Un collectionneur trépidant qui nous interpelle sur notre passion commune au détour de réflexions labyrinthiques voire proprement poétiques. Chapeau l’ami!
20 sept. 2021 à 18:58
Koikeski Merci pour ce beau partage !!!
20 sept. 2021 à 15:02
Fred17 C’est plus un carnet , c’est un livre là … 😃
20 sept. 2021 à 12:58
falonex Une lecture bien agréable que ce Si... Si... Si...! Et si Hewlett vient avec Tank Girl ou Damon Albarn, n'oubliez pas de me prévenir ;)
20 sept. 2021 à 10:24
Kyeezee Il interpelle un peu ce placard façon caverne d'Ali Baba à petits mickeys. Ça fleure bon le Cap'tain Flint....chacun sa carte au(x) trésor(s)...
20 sept. 2021 à 09:54
BDmotion Il y avait matière à lire ;-) Grand merci à vous pour ce partage, on se sent moins seul ;-)
19 sept. 2021 à 13:09
fabcollection Sympa cette plongée dérivante ...drôle, un peu barrée ... à l'image de son auteur en somme :-)
19 sept. 2021 à 12:23
michael07 C est toujours un plaisir de te lire ;) Tu nous envoies une positivité de ouf, sans faire le prof comme bcp de "connaisseurs" ...juste du bonheur !! Merci pour tout ça!!
19 sept. 2021 à 09:14
lsu38 Un texte authentique pour une authentique passion d’un passionné passionnant ;-)
19 sept. 2021 à 09:13
pabelbaba Cette collection de Lastman! ... j’ai un peu la même.
19 sept. 2021 à 09:08