Dans la collection de Kyeezee 
Olivier Ledroit, Couverture Integrale Sha - Couverture originale
5281 

Couverture Integrale Sha

Couverture originale
1996
Techniques mixtes
Encre, acrylique et aérographe sur papier
100 x 65 cm (39.37 x 25.59 in.)
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Cadre avec verre musée
Zoom (couleurs non fidèles car normalement plus bleutées)
Zoom (couleurs non fidèles car normalement plus bleutées)
Zoom (couleurs non fidèles car normalement plus bleutées)
Zoom (couleurs non fidèles car normalement plus bleutées)
Zoom (couleurs non fidèles car normalement plus bleutées)
Zoom (couleurs non fidèles car normalement plus bleutées)
Zoom (couleurs non fidèles car normalement plus bleutées)
Zoom (couleurs non fidèles car normalement plus bleutées)
Zoom (couleurs non fidèles car normalement plus bleutées)
Zoom (couleurs non fidèles car normalement plus bleutées)

Description

Couverture d’Olivier Ledroit pour l'intégrale de la série Sha, intitulé « The Shadow one » et scénarisé par Pat Mills

Commentaire

L’histoire

Le sud de la France au XVIe siècle, en pleine période de chasse aux sorcières. Dénoncée par son amie, l’une d’elles, Lara, alors âgée de 16 ans, se retrouve torturée et conduite au bûcher. Face à ses exécuteurs démoniaques, le Duc, l’Inquisiteur, le Moine, son amie Dominique et le Bourreau, elle implore sa déesse et demande vengeance !

États-Unis XXIe siècle à New Eden City, mégalopole de fer outrancière où règnent notamment corruption, pollution, violence sur fond de fanatisme et de culte au Dieu Dol-lar ! Tous membres de la Fondation du Destin, de grands magnats disparaissent un à un dans d’étranges circonstances. En charge de l’enquête, l’inspecteur Duffy du NEPD se retrouve alors face à Sha, l’ombre envoyée par la déesse, à travers les siècles, pour éveiller Lara et assouvir sa vengeance.

Vous l’aurez bien compris, Duffy n’est autre que la réincarnation de Lara et les grands magnats ses démons d’antan… et dans ce premier tome, nous retrouvons le Duc et le Moine sous les traits de Thomas Adams, industriel, lauréat du prix de la paix et surtout marchand d’armes cynique et vénal, et Max Dufrère, propriétaire de la chaine Big Max, baron de l’agro-alimentaire génétique, nostalgique d’Hitler et du grand Khan.

Sha, c'est l'histoire d'une vengeance franchissant le cercle du temps, mais avant tout une dénonciation cynique de notre société à la dérive. Dans un avenir pas si lointain, Pat Mills et Olivier Ledroit nous dépeignent en 1996 un « Nouveau Paradis » sur Terre. Vingt ans plus tard… point d’aéronefs ou autres vaisseaux futuristes, mais bien une foule gavée de malbouffe, de sexe, de jeux violents, de reality show, de publicités en tout genre, offrant un climat débilitant propice au rejet et à faire émerger le fanatisme !
Ok, je noircis le trait, mais cette série avant-gardiste prend d’autant plus de sens aujourd’hui et sans doute moins que demain ! A (re)lire absolument…


Son histoire

Réalisée en 1996, cette illustration représente les pages 12 et 13 du premier tome de la série. Il s’agit du moment clef qui clôture la phase introductive de cette trilogie et qui annonce de façon magistrale et démesurée le passage du XVIe au XXIe siècle et donc la vengeance à venir… vengeance qui réservera bien des surprises…

Et quelle entrée en matière avec cette vue panoramique !
Après une dizaine de planches médiévales dans les tons ocres et une jolie balade nuagesque à travers le temps, Olivier Ledroit prend réellement son envol avec cette illustration bleutée. Fourmillant de détails, le lecteur se retrouve ainsi directement embarqué dans l’univers rétrofuturiste urbain qui l’attend… bienvenue à New Eden !
L’effet de la fumée, toutes ces nuances de bleu rehaussées par ces petites touches chaleureuses et lumineuses, cette profondeur de champ incroyable sans aucune perspective… autant d’effets qui confèrent à cette pièce une dimension spectaculaire.

La première moitié du premier tome de Sha est vraiment singulière dans l’œuvre d’Olivier Ledroit. Sans avoir réussi à se détacher complètement de Xoco, l’auteur est en plein processus créatif pour trouver l’identité graphique de cette nouvelle série. Et comme à son accoutumée, c’est exactement dans ces moments particulièrement féconds que la puissance de son talent s’exprime au mieux. Il se cherche, expérimente, s’éclate, se teste… jusqu’à nous livrer des pièces inoubliables comme cette illustration pleine de générosité et sans limite.

Reprise à deux autres occasions et pas des moindres, cette pièce n’est vraiment pas anodine dans le parcours de l’auteur. En 1999, elle est revenue sur le devant de la scène en tant que couverture de l’intégrale de la série Sha et en 2007, elle a clôturé la partie consacrée à cette trilogie dans l’artbook d’Olivier Ledroit, dont voici un extrait :

« Le lecteur attentif (et patient) pourra voir dans la vue panoramique de la double page qui suit la plupart des véhicules, des concepts et même des séquences apparaissant dans les trois albums de la série. Cette double page située au début du premier tome conclut une scène d’introduction/déclaration d’intention où sont contenus tous les thèmes développés ultérieurement.
SHA tome 1 – pages 12-13 – 100 x 65 cm – encre, acrylique et aérographe sur papier – 1996 – Soleil ».


Un format gigantesque pour une pièce envoûtante.


L’histoire par ses auteurs

Finalement, pour évoquer au mieux cette série, quoi de mieux que de laisser ses auteurs en parler eux-mêmes.

Commençons tout d’abord avec Pat Mills et le texte qu’il a rédigé pour l’introduction de la partie consacrée à Sha dans l’artbook :

« La séquence d’ouverture de Sha, dans laquelle l’âme vengeresse de Lara voyage dans le temps et l’espace et cinq pages de ciel avant de redescendre à travers les nuages vers le monde cauchemardesque de New Eden, est, à mon sens, sans égale par son originalité et sa beauté dans toute la bande-dessinée, qu’elle soit française, européenne ou américaine. ... C’était entièrement l’idée d’Olivier, et je me souviens que l’éditeur était quelque peu nerveux à la perspective de voir autant de pages « vides » avant que l’histoire ne commence vraiment. Mais il a fait confiance à Olivier, et le résultat est splendide. »

« J’avais écrit le scénario comme une histoire finie des vies passées et de vengeance future, inspirée par des rêves de réincarnation, mais si je voyais clairement les personnages, le monde dans lequel ils évoluaient restait indéfini. Le monde complexe de New Eden, qu’Olivier a entièrement créé à l’occasion, fut donc un don du ciel qui m’a permis de me concentrer sur l’histoire. Je pense que notre relation sur cette série fut celle d’un metteur en scène et d’un scénariste, Olivier dirigeant et guidant l’histoire à travers le prisme de son interprétation artistique. Et, dans la tradition des meilleures réalisateurs de cinéma, en restant en parfaite empathie avec le scénario, qu’il envisageait de la même façon que moi, tout particulièrement l’arrivée de l’âme de Lara à New Eden. »

Quant à Olivier Ledroit :

« Le design et les ambiances de New Eden City ont été influencés par plusieurs films, à commencer par Blade Runner, de Ridley Scott, pour sa photo très polar, noire, enfumée et riche de détails. S’y ajoute Brazil, de Terry Gilliam, pour son atmosphère déjantée de guerre civile à peine contenue par un état totalitaire hypocrite, ainsi que pour la multitude de tuyaux qui couvrent les décors. Et enfin Métropolis, de Fritz Lang, pour la démesure très Art déco des vues de la ville (…) et pour sa symbolique visuelle splendide, toute imprégnée de l’écrasante plastique du nazisme qu’il venait de fuir en partant à Hollywood. »

Et pour finir, afin d’illustrer l’ambiance qui règne dans cette série, voici une partie d’un dialogue de ce premier tome entre Duffy et l’Inspecteur Chef Offale, qui n’est autre que le Bourreau de Lara :

Inspecteur Chef Offale : « À propos, saviez-vous qu'il existe plus d'un million d'espèces d'insectes ... pour à peine 20 000 espèces d'oiseaux, de mammifères et de reptiles ? »
Duffy : « Non, Monsieur. »
Offale : « Et qu'il y a presque autant de types de cafards que d'espèces mammifères ... Qu'est-ce que cela évoque pour vous, Duffy ? »
Duffy : « Je ne sais pas, Monsieur. »
Offale : « Dieu a une affection démesurée pour les insectes. »


Sha… une série tout en simplicité…


PS : nul besoin de me dire que le mot « nuagesque » n’existe pas. Cette nouvelle terminaison donne au mot attendu un coté épique nettement plus à propos…

PS : dialogue sur FB entre O.L. et un Quidam: "je ne sais pas si tu avais passé un pacte avec le diable mais sur cette double planche tu as été touché par la grâce 😉☺️", la réponse: "non , j'y ai passé presque un mois.👹👹👹".

Publications

  • L'Intégrale
  • Soleil Productions
  • 11/1999
  • Couverture
  • The Shadow One
  • Soleil Productions
  • 11/1996
  • Double page 12-13
  • Olivier Ledroit
  • Nickel Productions
  • 12/2007
  • Double page 190-191

Voir aussi :   Sha

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A propos de Olivier Ledroit

Olivier Ledroit est un dessinateur de bande dessinée français. C'est l'un des auteurs français contemporains les plus célèbres de la veine médiéval-fantastique.