Dans la collection de Vertommen
Raymond Reding, Section R - L’Anderlechtois - Planche 16 - Planche originale
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Section R - L’Anderlechtois - Planche 16

Planche originale
1977
Encre de Chine
Mine de plomb, encre de chine, gouache blanche, papier collé pour 4 phylactères
33.5 x 46 cm (13.19 x 18.11 in.)
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Le maillot du RSCA en 1977 et nous constatons le mélange du dessinateur, dans sa composition, concernant le logo du sponsor entre maillot longue et courte manche.
Raymond Goethals sur les célèbres images Panini comme entraîneur du RSC Anderlecht en 1978
L'équipe du RSC Anderlecht pour la saison 1977-78 - Raymond Goethals se trouve au premier rang à gauche.

Description

Magnifique planche dynamique mélangeant, d’une part de belles séquences sportives et d’autre part, un peu plus statique avec vue sur les personnages principaux.

Commentaire

Prépublié dans le journal Tintin N° 4 du 24 janvier 1978 au N° 10 du 07 mars 1978.
Tout comme dans le Tintin Pocket Sélection N° 38 du 01 février 1978.
Egalement dans l’édition française du journal et aussi dans « Ons Volkske »
Le deuxième et troisième épisode de cet album ayant été publié ensuite dans le « Nouveau Tintin ».
Rassemblé dans un album édité chez « Bédéscope » en 1982. (3)


Raymond Reding est né en 1920 à Louviers ou Evreux pour certaines sources (tous deux au sud de Rouen en Normandie - France).
Donc, localement il est Normand et Français par sa mère, qui, elle, est Reimoise.
Il se dit de descendance irlandaise et du côté de son père qui, lui, est belge, de descendance suisse ! (1)
Il a grandi et vécu à Anderlecht, commune bruxelloise … à l’ombre d’un stade de foot abritant un club titré portant le même nom que ladite commune.

Etonnant homme, ce Raymond Reding !
Passionnant aussi !
Perpétuellement à la recherche d’une perfection. Une soif inassouvie de découvrir, d’apprendre et surtout de comprendre …
Et tout cela en solitaire ! (2)
Raymond Reding est sans conteste un des plus talentueux dessinateurs du monde de la BD, et pourtant, jamais il n’eut le moindre professeur de dessin.
Il joue remarquablement bien du piano et à aucun moment de sa vie, il ne suivit un seul cours de musique.
Même chose pour la natation, pour le tennis, sports où il excelle.
Raymond Reding est l’un des rares auteurs (avec Graton et son Michel Vaillant) à s’être spécialisé dans les histoires sportives.


Pour savoir un peu plus sur les débuts de Raymond Reding, je vous engage à regarder les autres œuvres se trouvant dans ma galerie :
www.2dgalleries.com/galleries/raymond-reding-6669


L’espace me manquant pour parler de l’ensemble de l’œuvre de Raymond Reding, vais dès lors simplement m’atteler (modestement) à la Série « Section R » et l’album de la planche.


Au début, les rapports entre BD et football n’étaient pas très étroits. C’est le moins qu’on puisse écrire. Ce qui, étant entendu le caractère hautement populaire de cet art et de ce sport ne laisse pas de surprendre.
Pour commencer, voici un survol des prémices de ce qui s’est fait, dans le monde des p’tits « Mickey », au sujet de ce sport.

Le tout premier héros de BD footballeur serait Jean-Pierre Gary, héros de l’éphémère série “Rouge et Or” parue en 1949 dans le magazine Vaillant (futur Pif Gadget) dessiné par Raymond Poïvet et scénarisée par Jean Ollivier.

C’est dans “Les voleurs du Marsupilami” (1952, Dupuis), cinquième tome des aventures de Spirou et Fantasio, que l’on découvre la plus belle planche de foot jamais dessinée dans la BD franco-belge. Œuvre du génial André Franquin et but magnifique de Valentin Mollet.

Dans les années cinquante, Roland de Montaubert et René Pellos emmènent les Pieds Nickelés dans le monde du football, d’abord dans la brochure “Les Pieds Nickelés footballeurs” (1955, SPE) puis “Ribouldingue arbitre de football” (1957, SPE).

Après Valentin Mollet, André Franquin réalise une autre planche de foot très inspirée pour “Modeste et Pompon” parue dans Le Journal de Tintin en 1955.

“Olympic 2004” (1969, Lombard) est le premier tome des aventures de Vincent Larcher, premier héros footballeur créé par Raymond Reding.

Après avoir dessiné Valentin Mollet puis Modeste et Pompon, André Franquin s’est servi du foot dans quelques planches de la série Gaston Lagaffe. Meilleur avant-centre d’Europe lorsqu’il rêve, le héros se montre un gardien de but, disons, particulier.

Après avoir mis fin à Vincent Larcher, Raymond Reding poursuit son expérimentation du foot dans les histoires en bande dessinée, notamment dans les albums « Le sophar de Sophie » (1976, Lombard) et « Le territoire des dix » (1977, Lombard), deuxième et troisième tome de la Section R.

Sans faire injure aux autres auteurs suivants, dont aucun, de toute façon, ne peut se prévaloir d’une série s’étalant sur treize ans (mis à part Yoichi Takahashi avec Olive et Tom) l’œuvre de Raymond Reding fait figure de référence.
A cause de sa durée donc (de 1979 à 1992), de ses qualités graphiques, de sa connaissance footballistique et par conséquent du côté désormais mythique de ses héros.


La plus belle réussite de Raymond Reding, c’est sans doute sa série « La Section R », contant les aventures d’un duo d’anciens sportifs devenus journalistes-enquêteurs.
Huit albums entre 1975 et 1982 (3). C’est justement cette dernière date qui nous intéresse, avec le tome 8 : « L’Anderlechtois » … Dans cet album, les deux héros Sophie Ravenne et Django Riva rencontrent un passionné de foot qui brille sous le numéro 9 chaque dimanche sur les pelouses déglinguées de la Belgique profonde et rêve d’intégrer un jour le fameux RSC Anderlecht… Un rêve qui deviendra réalité après quelques péripéties en 48 planches?
A chacun ses contes de fées !


Sur cette planche, nous y retrouvons les principaux protagonistes de la série :
Sophie Ravenne et Django Riva, les membres de la fameuse Section R (R comme Reding …) et étant deux anciens champions olympiques.
Sophie Ravenne, la jolie héroïne ou se trouve à côté d’elle, Django qui fait aussi pâle figure qu’un Vic aux côtés de Yoko Tsuno. D’ailleurs, à ce sujet, le trio central fonctionne un peu de la même manière que celui de Leloup : une héroïne belle, sportive, humaine et risque-tout, un complice très proche, raisonné et prêt à tout pour sa belle (sans être officiellement uni à celle-ci).
Ne s’y trouve pas l'ancien catcheur reconverti Tonton qui tranche un peu avec Pol, car si, à l’image de ce dernier, il est souvent l’élément comique, objet des quelques gags de ces récits, en cas de coup dur, sa carrure et son passé de catcheur se révèlent bien utiles.

Mais le plus indéniable, c’est non seulement la présence du héros de cette histoire, Pierre Laurent dit Pierrot L’Anderlechtois, c’est surtout que nous y retrouvons Raymond Goethals (et pas Michel Platini présent dans cette histoire. Mais, chers amis français, c’est loin d’être important à mes yeux …).
Raymond Goethals, surnommé « Raymundo », « Raymond-la-science », « le sorcier belge » ou encore « le magicien », était l'entraîneur d’Anderlecht (se trouvant à quelques encablure du domicile de Raymond Reding) club dans lequel il passe trois ans (1976-1979) et où il remporte en 1978 la Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe ainsi que deux éditions de la Supercoupe d’Europe (1976, 1978).
Voir les visuels.

Au sujet du sponsor se trouvant sur les maillots, il faut savoir que Belle-Vue et Anderlecht ont toujours été étroitement et intimement liés. Entre 1973 et 1981, la brasserie était le sponsor principal des Mauves.
C'est Philémon Vanden Stock (4) - le grand-père de Roger Vanden Stock, ancien président du RSCA - qui commença à brasser de la bière il y a plus de 100 ans. Juste après la Seconde Guerre mondiale, son fils Constant prit sa succession et commença à brasser la célèbre Belle-Vue. Tout comme le Sporting d’Anderlecht, la marque connut de grands succès et s'est développée jusqu'à devenir une valeur sûre dans le monde de la bière belge.


Sur cette planche, vous remarquerez le beau coup d’encre de chine au pinceau brut assez extraordinaire et surtout la préparation recto/verso pour mieux pouvoir juger de l'équilibre, l'harmonie des personnages et de la composition.
Ce qui me fait écrire que Raymond Reding maîtrise le ballon de cuir mieux encore que la petite balle jaune.

La planche présentée ici se dévoile à l’œil dans sa globalité. Nous n’apercevons pas seulement une case, mais des cases (ou pas), qui composent la page et surtout, sans les gouttières.
Pour ce faire, les successions des cases se feront abondamment déborder par les différentes scènes donnant, en révélant plusieurs plans ou séquences successives, une sensation de mouvement nerveux et dynamiques qui sont ceux du football. Ce qui n’empêche pas d’avoir une unité dans l’action.
Nous avons également une unité de lieu en conservant le même décor, ou la même zone, étant en l’occurrence le terrain d’entrainement se trouvant à côté du stade en lui-même.
Raymond Reding réussi à organiser le meilleur enchaînement de cases sur une page en l’ayant pensée dans son ensemble. Ce qu’elle dévoile de l’action, de l’ambiance, de l’univers…
La dernière case est un enjeu évident car il fallait relancer l’attention et l’intérêt du lecteur en passant à la page suivante qui se réalisait … une semaine plus tard lors de la parution du numéro suivant du magazine.
J’attire votre attention sur le troisième strip marquant une pause. Plus spécialement la scène ou Raymond Goethals, Sophie et Django échangent entre eux. Ils sont tout simplement déposés sur leurs phylactères respectifs. Donnant une impression de légèreté dans cet instantané de répit entouré d’un ouragan de mouvement illustré sur cette planche.

Au verso de la planche, comme pour l’ensemble de toute sa production, nous pouvons admirer tout le travail préparatoire (crayon et encre de chine).
L’étude des avant-projets montre que Raymond Reding situe d’abord deux ou trois personnages dans chaque case de l’ensemble de la planche (avec les lignes de fuite et autres perspectives) et puis seulement, passe à l’exécution des dessins au recto.

Raymond Reding commença sa carrière au pinceau pour l’abandonner au profit de la plume pour certaines séries.
Ce qui donne une différence dans le tracé et dans la proportion des détails.
Si avec la plume, il y en a davantage (de détails) en donnant cette impression de dessin plus compact (voir la série Eric Castel), avec le pinceau, c’était plus aéré (voir les Jari et Section R).


(1) Interview de Raymond Reding dans le journal de Tintin Edition Belge N° 27 de 1963.

(2) Sauf, entre autres, pour la série d’Eric Castel ou il a Françoise Hugues présentée comme scénariste des aventures de cette série.
Curieuse initiative car, si Françoise participe évidemment à la rédaction (voir crédit sur les couvertures des albums de cette série) des textes, elle dessine également : c’est elle qui trace ces immenses décors naturels ou artificiels (les stades par exemple) dans lesquelles évoluent les personnages.
Leur collaboration commencera lors du récit complet sur l’Abbé Pierre. Cependant, les véritables débuts en commun datent du premier épisode des aventures de Jari : « Jari et le champion. ».
J’y reviendrai lors de la présentation d’une planche de cette série.

(3) Le Lombard pour les 7 premiers, ensuite aux éditions « Bédéscope » pour ce 8ème et dernier opus présenté ici.
Il faut savoir que c’est en 1979 que Raymond Reding quitte le Journal de Tintin pour « Footy », un magazine de football, en emportant avec lui la « Section R » et son univers.

(4) Plus de deux mois après le débarquement de Normandie, le 18 août 1944, Philémon Vanden Stock fut arrêté par la gestapo. Emprisonné pendant trois semaines à Forest, et embarqué, le 31, dans le tout dernier train qui quitta Schaerbeek pour l'Allemagne.
Transféré de camp en camp de concentration, il mourut le 10 mai 1945 à San Bostel. Peu de temps auparavant, il avait réussi à faire parvenir une lettre à sa famille : "Je serai bientôt de retour, mais j'ai un peu changé et les enfants ne me reconnaîtront peut-être pas."

Publication

  • L'anderlechtois
  • Bedescope
  • 01/1982
  • Page intérieure

Voir aussi :   Section R

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A propos de Raymond Reding

Raymond Reding est un dessinateur de bande dessinée belge ayant essentiellement illustré le thème du sport. Il est l'auteur de séries comme Jari, Vincent Larcher et Eric Castel.