Sasmira - T1

Sasmira, tome 1, page 2, 1ere version liminaire au feutre

A mi chemin entre la poésie d'un recueil de Paul-Jean Toulet et les échappées temporelles de Balade au bout du monde, Laurent Vicomte nous emporte dans la grâce du temps d'avant, la Belle Époque de cette France des Destinées Sentimentales comme dans un roman de Chardonne.

Après le succès colossal de sa série précédente, Vicomte prend quatre ans pour mûrir Sasmira et triomphe à nouveau avec 250.000 ventes sur le seul premier tome d'une toute nouvelle série. Et c'est mérité tant il mélange brillamment mystère et romantisme, avec un trait plus élégant que jamais.

Son souci de perfection est tel que même ses storyboards ressemblent à des planches finies tant il les travaille précisément, comme dans cet exemple introductif (après le "hook" de la première page qui démarre au même endroit de l'île Saint Louis que la première page de Balade au bout du monde)

La dimension poétique est puissamment affirmée dès cette seconde planche autour des vers de Souvenirs d'automne par Toulet dans le recueil Contrerimes:

"Le temps irrévocable à fui
L'heure s'achève
Mais toi, quand tu reviens et traverse mon rêve
Tes bras sont plus frais que le jour qui se lève
Tes yeux plus clairs
A travers le temps ta mémoire m'embrasse"

Par dans un travelling cinématographique, la caméra englobe d'abord Paris de nuit avant de zoomer progressivement vers une statue figée qu'un éclair viendra éveiller, préfigurant l'ouverture du temps.