Dans la collection de leppj
Thierry Robin, Rouge de Chine - Masques - Planche originale
78 

Rouge de Chine - Masques

Planche originale
circa 1992
Encre de Chine
41 x 57 cm (16.14 x 22.44 in.)
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Description

26ème planche du 2nd volume de Rouge de Chine (page 28)
Henk en case 2 et l'imposant chanteur en case 4 ont été dessinés sur un autre support puis collés sur la planche.
La planche est composée de trois morceaux scotchés ensemble, un par strip.
Publié par Delcourt en 1992 dans la collection "Conquistador"

Inscriptions / Signatures

Signé en bas à droite "Th. Robin"

Commentaire

Cette planche débute par Henk désespéré. Il est à la recherche de Liu, sa bien aimée qui est enfermée dans le palais. Mais celui-ci est vivant, comme lui affirme le chanteur en première case, et ce palais mouvant l'empêche de la retrouver selon la volonté de l'Empereur. Henk se perd sans cesse et n'arrive pas à dessiner un plan pour l'aider dans sa recherche. Le chanteur sous couvert de l'aider, le manipule, il tente de le séduire et de le convaincre par des promesses. Thierry Robin pour marquer son influence grandissante sur le jeune européen, lui laisse une place de plus en plus importante dans la planche. On ne voit que sa main en première case, puis tout son buste dans la seconde alors que l'on ne voit que la tête d'Henk. Dans la 3ème case il est en pied au premier plan alors que l'adolescent est relégué au second plan. Dans la 4ème case, le chanteur s'impose charismatique et sublime dans un costume somptueux et luxueusement dessiné. Sa présence monumentale irradie sur l'ensemble de la planche. Henk est écrasé, étouffé et pris en tenaille derrière le magnifique chanteur et un décor richement détaillé. Il quitte la planche en case 5 avec un rire grinçant.

Dans ce palais tous portent un masque, Wei Pu l'a prévenu plus tôt dans l'album : "je porte un masque presque en permanence et je suis le plus sincère". Il porte un masque de femme et Henk l'a déjà pris pour Liu derrière un voilage. Wei Pu le met à nouveau en garde dans cette planche, mais Henk préfère donner sa confiance au mystérieux et charismatique chanteur. Dans le dernier strip, la faiblesse de l'influence de Wei Pu est graphiquement manifeste. Avec Henk, ils font la même taille, et ils occupent un espace identique dans les 3 cases qu'ils partagent. Dans la 8ème case, Henk rompt la conversation dans un espace vide qui s'oppose à la splendeur et à la fascination du décor de la case 4.
L'indiscrétion de Wei Pu lui sera fatale, en dernière case deux yeux maléfiques observent la scène. C'est un personnage que j'affectionne particulièrement. En quelques scènes, Thierry Robin arrive à peindre une personnalité subtile, complexe et attachante sans équivalent dans la bande dessinée franco-belge. Il sera décapité un peu plus tard à la demande de l'Empereur dans une scène somptueuse et glaçante qui contribue à la grandeur de ce personnage.

Le découpage de cette planche nous laisse un indice sur le mystère de cet album.
Le chanteur s'éclipse en case 5 dans l'ombre d'une porte dérobée. Dans la case 9, seuls deux yeux cruels sont visibles dans l'obscurité. On comprend que ce sont ceux d'un démon à la lecture de la planche suivante. Placées l'une sur l'autre ces deux cases sont les seules de la planche baignées dans la pénombre et se renvoient l'une à l'autre. Par cette mise en scène, Thierry Robin pose la première pierre de la révélation finale de l'album, le chanteur est un démon dissimulé sous un masque.

Vous pouvez d'ailleurs découvrir la planche originale de cette révélation sur 2DG dans la galerie de Corporeau33 : https://www.2dgalleries.com/art/robin-rouge-de-chine-137907

Publication

  • Masques
  • Delcourt
  • 09/1992
  • Page 28

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A propos de Thierry Robin

Il intègre dès 16 ans l'école des beaux-arts de Reims, où il se spécialise dans le dessin animé. Il réalise quelques travaux pour des revues comme Triolo ou Mikado, ou des illustrations pour la publicité. Ses travaux pour La Poste donneront d'ailleurs naissance au Petit Père Noël, en collaboration avec Lewis Trondheim, qui partage son atelier. Il fonde en 1995 l'Atelier Entropie avec Stéphane Servain, Pierre-Yves Gabrion et Bertrand Antigny. Il tire son inspiration de ses nombreux voyages (en Chine, au Japon, en Inde, à Bruxelles…), mais aussi du cinéma muet allemand (en particulier Fritz Lang, auquel il rendra hommage dans le tome 4 de Koblenz ), ou de l'Art nouveau belge, qu'il trouve beaucoup plus riche plus diversifié et plus fin. C'est d'ailleurs son séjour de deux ans à Bruxelles qui sera le déclencheur de la série Koblenz. Son travail est une plongée dans les tréfonds de l'âme humaine et une confrontation permanente entre réalité et illusion. C'est un touche-à-tout qui part à l'aventure sur des sujets qu'il ne maîtrise qu'après un long travail de documentation. Quand il s'intéresse à un pays il s'intéresse à son histoire mais aussi à ses traditions et à sa mythologie.