Dans la collection de Laerte 
Rantanplan -  T2 par Morris, Michel Janvier, Xavier Fauche - Couverture originale
1874 

Rantanplan - T2

Couverture originale
1993
Peinture - acrylique
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Rantanplan, Bêtisier 2
Michel Janvier & Morris, Jean Léturgie & Xavier Fauche
Bêtisier de Rantanplan, tome 2, ébauche de couverture quasi finale, non restaurée.
Tout est posé, y compris le reflet, sauf le Rantanplan qui se mire et qui sera ajouté en finalisation de production sur ce cadre préparé.
Parodie de Rintintin, Rantanplan est le nom d'un chien apparu pour la première fois dans l'album Sur la piste des Dalton. Il a pour principale caractéristique d'être complètement stupide mais il arrive très souvent à aider involontairement les autres personnages de la bande dessinée.
Entre 1987 et 2011, il est le héros de sa propre série de bande dessinée, comme dans ce bêtisier sorti en 1993.
Chien de l'administration pénitentiaire, il a pour maître le gardien Pavlov... Il suit régulièrement Lucky Luke afin de l'« aider » à retrouver les Dalton. Peu futé, mal dressé, incapable de calculer le nombre de pas pour sauter dans les bras, il apporte une touche comique qu'Hanna Barbera a bien saisi en l'intégrant dans quasiment tous les épisodes de la série animée Lucky Luke, même dans ceux inspirés d'albums où il n'apparaissait pas.
En revanche, et paradoxalement, Rantanplan comprend et obéit aux ordres de Ma Dalton, même quand celle-ci n'est plus à proximité, ce qui rend la situation très comique et laisse souvent perplexe Lucky Luke (notamment dans Les Dalton en Cavale), car Ma lui donne l'ordre de se coucher en criant « Couché ! », il s'exécute en disant : « Quand Ma Dalton parle, les chiens écoutent"
Les originaux de Morris étant extrêmement rares puisqu'il a conservé ses planches, c'est donc un plaisir de collectionneur que de retrouver son art et sa signature, en collaboration avec Michel Janvier, sur une couverture typique de son univers tant par ses couleurs et sa composition que par l'humour décalé. Il s'agit ici d'une parodie du fameux stade du miroir.
Le «test du miroir» a d'abord été décrit par le psychologue français et ami de Lacan Henri Wallon en 1931, soit le premier à relever l'importance du miroir dans la construction psychologique de l'enfant. Il développe ce sujet dans son livre Les origines du caractère chez l'enfant. Pour lui, l'enfant se sert de l'image extériorisée du miroir, afin d'unifier son corps. Ce processus se déroule lors du stade émotionnel de Wallon (6 à 12 mois). Cet auteur a également décrit le comportement de l'enfant face à l'image reflétée, de lui-même et de son entourage proche, notamment celle de sa mère.
Avec René Zazzo, quatre grandes étapes de cette description/construction :
* Reconnaissance de l'image de l'autre ;
* L'enfant prend son image pour un autre enfant : « C'est ainsi que, dans sa 61e semaine, [l'enfant] touche, frappe, lèche son image dans le miroir, joue avec elle comme avec un comparse »
* Malaise devant son reflet : L'enfant « s'en détourne [du miroir] obstinément. Même jeu la semaine suivante avec une photographie sous verre, dont le petit format rend bien improbable qu'il ait pu la confondre réellement avec l'image spéculaire »
* Identification de l'enfant à sa propre image
Pour Lacan, ce stade est le formateur de la fonction sujet, le « je », de l'enfant âgé de 6 à 18 mois. Mais cette fonction ne peut se mettre en place que par la présence de l'autre (souvent le parent qui le porte et désigné devant le miroir). En effet, pourquoi dire « je », s'il n'y a personne à qui l'opposer ? Le sujet est donc social, il a besoin de l'autre pour se constituer
Pour en revenir à Rantanplan, c'est un fait constaté que la grande majorité des animaux ne parviennent jamais à cette 4ème étape, à quelques exceptions près comme la pie, et peuvent donc tomber amoureux de leur propre image, non par narcissisme mais par incapacité à comprendre l'unité dans le reflet. Donc pour une fois pas plus bête qu'un autre chien...

Publication

  • Bêtisier 2
  • Lucky Productions
  • 05/1993
  • Couverture

Voir aussi :   Lucky Luke

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A propos de Morris

Maurice de Bevere, dit Morris est un auteur de bandes dessinées belge connu comme créateur en 1946 de Lucky Luke, série populaire qu'il a dessinée jusqu'à sa mort, seul ou en collaboration avec divers scénaristes, dont René Goscinny. Il a qualifié pour la première fois la bande dessinée de « neuvième art » dans le journal Spirou, en 1965.