Nonkel Zigomar, Snoe en Snolleke - De Blauwe vinger

À l’aube des années 1950, Bob de Moor entame sa collaboration avec Hergé sur les albums de Tintin, il se charge des croquis préparatoires, des décors et de la mise en page. Dans le même temps, celui qui a officiellement pris la place que Jacobs occupait avant lui, publie de manière quotidienne Nonkel Zigomar, Snoe en Snolleke. C’est la période durant laquelle Hergé lance son aventure lunaire. Objectif Lune et On a marché sur la Lune, 117 pages qui s’étaleront sur plus de trois ans (1950-1953), ce nouveau projet épuise Hergé et le contraint à un repos forcé de plus d’un an.

Au sein des Studios Hergé, Bob de Moor réalise ainsi de nombreux décors pour le début de cette histoire, dont le centre de recherche syldave, les ateliers et salles de montage, la salle de tir, la tour de contrôle, et le pas de tir. Il dessine également la Terre vue de l'espace dans la large case montrant la fusée s'en éloigner… (Dominique Maricq et Didier Platteau, Tintin et la Lune, 2009, p. VII).

Ça me paraissait formidable de travailler pour Hergé. Pendant 35 ans, je n’ai pas regretté une seconde, Hergé non plus d’ailleurs. Sur une planche d’Hergé on était quatre. En ce qui me concerne, je dessinais les paysages et quand c’était des voitures, c’était Martin ou Roger Leloup, quand c’était des avions, c’était Martin aussi. J’étais un peu en marge dans ce studio, je faisais tout, j’ai touché à tout. Ça partait toujours de chez Hergé qui faisait d’abord un brouillon, quand il avait fait le découpage de sa page en bandes avec les cases, quelques dialogues pour voir ce qu’il allait faire, il esquissait vaguement les décors et les personnages. Il dessinait les poses quand il y avait des attitudes un peu difficiles et travaillait intensément sur ce brouillon jusqu’au moment où il était satisfait du mouvement et de la mise en page. Pour les décors compliqués, j’avais cette base et je prenais un calque sur lequel je commençais à avancer. Puis Hergé reportait ses cases et ses personnages sur une feuille propre. Cette page revenait de nouveau chez moi, et je dessinais mon décor au crayon. Cette page allait ensuite de nouveau chez Hergé où il repassait ses personnages à l’encre, puis elle revenait chez où je repassais mes décors à l’encre. Chez nous chacun dessinait et repassait ses dessins à l’encre.

Du mardi 4 novembre 1952 au mercredi 25 février 1953, alors qu’Hergé a repris le dessin depuis seulement quelques mois, Bob de Moor publie sa cinquième aventure de Nonkel Zigomar, Snoe en Snolleke, intitulée De Blauwe vinger. Il la dessine après ses heures quotidiennes passées au studio sur les héros d’Hergé. Cet épisode d’Oncle Zigomar, en devient inévitablement un témoignage saisissant de la ligne claire hergéenne, les décors, mais surtout les personnages dont Bob de Moor est privé dans son travail d'assistant, tout est là pour nous évoquer les univers du maitre. Si l’on retient plus volontiers Barelli ou Cori le moussaillon dans son œuvre, c’est sans doute par le caractère très local de ce Nonkel Zigomar dont un chroniqueur évoquera la spécificité en ces termes :

Il vaut mieux être flamand pur jus pour saisir toutes les subtilités de cette série !

Dans cette histoire, qui restera inédite en France pendant 65 ans, Zigomar accompagne une expédition pour étudier les animaux dans la jungle indonésienne mais son avion s’écrase dans les montagnes du Tibet… Difficile de ne pas penser à un autre avion qui s’écrasera sur les monts tibétains six ans plus tard avec Tchang à son bord...