Félix - Trafic de coco - Strip 25, 26, 27 et 28.

Félix - Trafic de coco
Strip 25, 26, 27 et 28.
Mine de plomb, encre de chine, gouache blanche.
Dimension : 300 mm x 450 mm.
1949
Non signé.

Prépublié dans le magazine belge « Héroïc-Albums », numéro 34, du mercredi 14 août 1949.
Edité en album, aux Édition Michel Deligne et Dupuis, en version colorisée en 1982.

L'année 1949 est décisive pour Maurice Tillieux car elle marque la naissance de trois de ses personnages les plus importants, si pas les plus importants.
A savoir :
- Félix ;
- Hyppofyse Ballotin dit Allume-Gaz ;
- L’inspecteur Cabarez. En effet, Fil-de-Zinc sera définitivement écarté dans l’histoire précédente « Les Mésaventures de l'Inspecteur Cabarez » (Héroic-Albums nº30 de 1949).

Félix est une série de bande dessinée policière créée en 1949 par Maurice Tillieux dans l'hebdomadaire belge « Héroïc-Albums ».
Elle tire son nom de son personnage principal, le jeune détective Félix, que Maurice Tillieux a mis en scène dans 67 histoires, de douze ou treize planches, entre 1949 et 1956.

Félix annonce Gil Jourdan.
D’ailleurs, les amateurs n’ignorent pas que le trio Jourdan - Libellule - Crouton n’est qu’un habile démarquage du triangle Félix - Allume-Gaz - Cabarez cités plus haut.

Plus généralement, Maurice Tillieux a réutilisé nombre de scénarios de la série « Félix »pour alimenter ses créations ultérieures.
En effet, s’imposant avant tout comme un fabuleux dialoguiste, il n’hésita pas à remanier et recycler d’anciens scénarios, en y peaufinant les discours de ces personnages, pour mieux faire entendre les mots posés sur le papier et en modernisant son dessin de plus en plus efficace et maîtrisé.
Comme ce fut le cas pour « Traffic de coco » (la planche proposée ici) dont la trame et certaines scènes ont été réutilisées pour « Popaïne et vieux tableaux » (voir visuel).
Pour être complet au sujet du recyclage des scenarii de « Félix », « La Guerre en caleçon » est une reprise très fidèle du récit complet de « Félix Au pays du matin calme ».
« Le chinois à deux roues » utilise quelques éléments du récit complet de « Félix Parallèle 22 ».
Quant à « Chaud et froid », c’est une reprise du récit « 50 degrés sous zéro ».

Fortement influencé par Hergé dans les premières années (Oh ciel … non pas mes bijoux mais bien le Général Alcazar dans la grande case, en bas à gauche de la planche (voir visuel) - Pour l’anecdote, dans l’album « L'enfer de Xique-Xique », le Capitaine Escudero affiche aussi un fort air de famille avec le Général Alcazar), puis par Franquin, Maurice Tillieux parvient cependant, au fil du temps, à se détacher de toute influence et à acquérir un style entièrement personnel et autonome.
Sur les sept ans de la série « Félix », l'évolution est saisissante tant graphiquement qu'au niveau des scénarios.
Maurice Tillieux chercha à se singulariser, par rapport aux autres dessinateurs, et arrivera finalement à ses fins … pour notre plus grand plaisir bien entendu !

Attardons-nous sur quelques jeux de mot facétieux de cette planche.
- Case 2 : Félix au téléphone « Dans la police Chilienne, c’est comme en politique. Plus on est stupide et plus vite on arrive » ;
- Case 3 : après les deux premières case avec le téléphone, Félix dit « notre plan est allo » ;
- Case 8 : « Je me sens une authentique âme d’artiste consommé » assène Allume-Gaz ;
- Case 10 : Le major d’homme annonce « Monsieur le Comte Juan Y Gonzalès, Y Ricardo, Y Castelblanco Y Posada Y Galaxia » ;
- Case 13 : « Y Salado Y Segovia Y Alcantara Y portale Y Jucar Y Huesca Y Bergao Y Braganda » sans oublier « Le Maître Blapo Sicapo » étant l’anagramme de peintre Pablo Picasso.
Petite hypothèse de ma part, concernant le nom du sénateur John Duff (en case 5). Je pense que Maurice Tillieux (dingue d’automobile) à rendu hommage au Capitaine John Francis Duff, célèbre pilote de course canadien. Il mourut le 8 janvier 1958 dans la forêt anglaise d'Epping … après une chute de cheval.

Maurice Tillieux avait une folle passion.
Autant pour la mécanique que pour le parc automobile (hélas pour nous …) et motocycliste.
Raison pour laquelle il avait un si grand rôle dans son œuvre (et cyniquement, dans sa mort …).
C’est que Maurice Tillieux préférait parler de ses talents en mécanique que de dessinateur.
Lui, qui était capable de monter et démonter un moteur en un temps record (il passait ses journées à le faire sans cesse sur sa vieille moto) tout en étant intarissable sur les qualités et les pannes de ses voitures successives, a fait que cette passion transpire dans ses dessins de nombreuses voitures, dans ses différentes séries, toutes plus réalistes les unes que les autres.
En fait, on sent très bien dans son œuvre qu’il aimait la graisse et les rouages (voir le visuel d’une belle américaine).

Je vous engage à consulter les autres œuvres de Maurice Tillieux se trouvant dans ma galerie 2DG :
www.2dgalleries.com/galleries/maurice-tillieux-10264