Ernie Pike : La patrouille

Hugo Pratt - Série "Ernie Pike"
Demie planche 6B "La Patrouille"

Demie-Planche 6B de l’épisode 24 « La Patrulla » (La patrouille), Hora Cero Extra n°7 (mars 1959).
En Italie dans Sgt. Kirk, n°9 – reprise de la couverture d’HCE 7)
Album Ernie Pike – Chroniques de guerre 2 (Glénat, 1980), épisodes 1, 9, 24 et 33.
Album Ernie Pike 4 (Casterman, 2007), épisodes 18 à 22, 24 et 25, couleurs de Maru Leone.

1957, Hugo Pratt a 30 ans. Depuis, 1953, il dessine la série Sgt Kirk sur scénario d’Hector Osterheld. En 1957, Hector et son frère décident de créer leur maison d’éditions. Ils sortent de nouveaux mensuels. En plus de Sgt Kirk, Hugo Pratt dessine deux nouvelles séries : Ticonderoga pour « Frontera » et Ernie Pike, un ensemble de récits se déroulant pendant la 2ème guerre mondiale, pour « Hora Cero ». Hugo Pratt dessinera 34 histoires se rattachant à ce cycle.
Les histoires d’Ernie Pike paraissent dans « Hora Cero mensual », « Hora Cero semanal » ou « Hora Cero Extra ». Hugo Pratt dessine des planches de 2 strips. Selon les publications, elles seront publiées par planche (format à l’italienne) ou assemblées par deux pour former des planches de 4 strips, telles qu’on les connait aujourd’hui. Certaines planches seront ensuite remontées pour les besoin des rééditions.
Malheureusement, le papier et l’impression ne sont pas du niveau de la qualité des dessins. Ils ne rendent pas compte de la qualité graphique de ces planches. Or, ces publications vont servir pour toutes les rééditions futures. Il manque aujourd’hui une publication digne de ce nom qui se baserait sur les planches originales.

Ernie Pike, fil rouge de ces récits, en est le narrateur plusieurs années après la fin du conflit. Il en est plus rarement un acteur. Pour ce personnage, Hugo Pratt choisi de prendre Hector G. Oesterheld, scénariste, comme modèle. http://2dg.me/bu9

Hector G Oesterheld, lui, s’inspire d’un personnage ayant existé, Ernie Pyle, journaliste correspondant de guerre à partir de 1941 et mort en 1945, sous les balles japonaises. Ernie Pyle collabora quotidiennement pour plus de 200 journaux. Il a obtenu le prix Pullitzer de meilleur correspondant de guerre en 1944. Ces récits furent rassemblés et publiés après sa mort.

Comme Ernie Pyle, Oesterheld et Pratt, vont s’attacher à montrer l’impact de la guerre sur les hommes, à en démontrer la cruauté, la bêtise, l’absurdité, la souffrance qu’elle engendre pour tous les soldats, dans chacun des camps. A aucun moment ils n’en font l’apologie. Les relations humaines, en cas de conflits, dans un monde où les règles n’existent plus, où l’homme est face à lui-même, est le véritable sujet de ces chroniques. Nul doute qu’Hugo Pratt s’en souviendra lorsqu’il créera Corto Maltese

Tout l’esprit de la série dans cette planche clé de l’épisode : le sergent Gorman, blessé dans une embuscade qui l’a rendu aveugle et se croyant de nouveau attaqué, tire et tue son collègue, le soldat Will Noran de la même patrouille australienne. RATTRATTRATT !!!