1980 - Blueberry : La Tribu fantôme (15) *

Planche originale n° 15, prépubliée dans l'Écho des Savanes n° 82 de novembre 1981.

Parution en album en mars 1982 chez Hachette pour la France et Novedi pour la Belgique

La case 2 illustrera plusieurs supports dont :
- la couverture de l'Echo des Savanes n°81 annonçant le retour de Blueberry
- un carnet de 6 timbres en 1997
- une sérigraphie à 200 ex. signée Gir

Gir , dans le coin inférieur droit de la dernière case

Jeunes collectionneurs, dites-vous qu'avec le temps, le facteur sonne toujours trois ou quatre fois !

Savoir tirer quand c'est le moment, c'est le plus difficile.
Par deux fois cette superbe planche d'un véritable format "king size" dit "raisin" de 50 sur 65 centimètres m'a échappé quand elle passa chez Artcurial !
Son dernier retour en salle de vente parisienne en juin 2023 avait vu son prix s'envoler sous le feu des enchères téléphoniques de collectionneurs fortunés. Le genre de "no limit" que l'on croise régulièrement en ces lieux ce qui explique que ce n'est jamais là qu'il faut espérer remporter sans douleurs LA pièce du catalogue.
Caramba, encore raté ...

Et puis finalement les circonstances font que je peux la récupérer hier, en dehors de toute excitation médiatique de la maison de vente. BLAW !

Trois strips, pour 6 cases alors que les 2/3 des 46 planches de cet album se passent en 7 & 8 cases.
Une lisibilité maximum pour une scène qui tient toute seule en une planche.

Réalisée à l'origine par Gir pour une prépublication dans L'Echo des Savanes dès octobre 1981 , cette suite de La Longue Marche sera publiée en album en 1982. L'Echo des Savanes n'en publiera finalement que les vingt premières planches dans ses n° 80 à 83 avant de disparaitre corps et âme ...

Grâce à une photo prise par Patrice Pellerin dans l'atelier de Gir en 1980 (voir photos additionnelles) on sait qu'elle fut réalisée cette année-là. En effet, la photo en question laisse clairement l'artiste travailler à la planche n°31 ! CQFD

Gir et Charlier sont en froid avec Dargaud/Lombard, leur éditeur depuis 1965 des albums de Blueberry, d'où la sortie de celui-ci chez Hachette/Novedi.

Pour sa tranquillité, Gir a décidé de quitter son atelier parisien pour se replier à Moulin Vignau à Castet , dans le Béarn. C'est là que ce vingtième album sera dessiné.
Il utilisera son papier préféré, le Shoeller Parole, la Rolls du papier à dessin, pour son plus grand plaisir. Et si les neuf ou dix premières planches sont de plus petit format, celle-ci et les suivantes seront bien au format Raisin.


Chronologiquement , cet épisode de Blueberry se confond avec la création du premier épisode de L'Incal de Moebius entièrement réalisé à la plume !

Ceci explique peut-être pourquoi, techniquement , cet épisode-ci de Blueberry se trouvera être le premier qui ne sera pas entièrement réalisé au pinceau ! En effet, Gir le précisera à Numa Sadoul à l'occasion de leurs longs entretiens (in "Moebius entretiens" , Casterman , p.124 & 126) dont voici deux extraits :

NS - T'arrive-t-il de dessiner du Blueberry à la plume ?
JG - Toute la Tribu fantôme est à la plume, même si j'ai rajouté la touche finale au pinceau : tous les noirs, quelques accentuations. Mais dans ce cas-là, j'utilise la plume en rentrant dans le papier avec le plein et le délié, c'est à dire en séparant le bec. La résistance du papier m'oblige à une tension musculaire qui provoque un inattendu, mais se trouve compensé par la rapidité. Par contre, je sépare rarement le bec de la plume dans Moebius.
...
NS : Mais auparavant, tous les Blueberry étaient faits au pinceau ?
JG : Fréquemment, je me lançais dans des mélanges plume-pinceau, mais cela ne durait jamais plus de cinq ou six pages ; très vite je revenais au pinceau seul. Pour la Tribu, j'ai tenu le coup sur tout l'album et cela a vraiment bien fonctionné ; cela donne une touche étonnamment gaie, un côté assez Moebius qui vient donc de l'emploi de la plume.

Patrice Pellerin lui rendant visite le jour où il encrait la planche 31 explique :
"J'ai passé une journée entière à discuter et à le regarder travailler sur les pages de La Tribu Fantôme. C'était dans un style différent de ses autres albums, plus léger , avec un encrage à la plume, et ensuite un remplissage de hachures et de taches au pinceau (Windsor & Newton n°3, quand Foester et Raymond utilisaient le n°2 et Caniff le n°1). "